Chemnitz, capitale européenne de la culture 2025

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Lors d’une célébration dans la ville autrichienne de Bad Ischl, « capitale européenne de la culture » 2024, la ville allemande de Chemnitz et celle de Nova Gorica en Slovénie se sont vu remettre le titre pour l’année 2025. Comme le prévoit la procédure, les candidatures avaient été déposées six ans auparavant et la sélection définitive avait été révélée deux ans plus tard.

Chemnitz, comme sa consœur slovène, a donc bénéficié de quatre années de préparation pour mettre en œuvre le projet ambitieux qu’elle avait alors présenté. Quatre années qui ne sont pas de trop tant le succès grandissant de cette distinction instaurée en 1985 et dont, rappelons-le, les objectifs sont d’établir des connexions entre les pays et de renforcer la diversité des cultures européennes, a créé d’attentes pour les villes lauréates.

Chemnitz est la quatrième ville allemande à porter ce titre, après Berlin, Weimar et Essen. Une cité de 245.000 habitants,  après Leipzig et Dresde, la troisième ville du Land de Saxe, au sud-est de l’ancienne RDA, à seulement 35 kilomètres de la frontière tchèque, ce qui confère à cette « porte » ouverte sur l’Europe centrale, un caractère délibérément européen. Ce sont d’ailleurs près de quarante projets binationaux germano-tchèques qui figurent parmi le millier d’événements culturels au programme de cette année « capitale » au cours de laquelle la ville espère atteindre les deux millions de visiteurs et dont l’ouverture est prévue le 18 janvier.

Quels sont les atouts culturels de Chemnitz, une ville qui, a priori, ne figure ni parmi les plus connues d’Allemagne ni sur les listes touristiques des tour-operators ? C’est son passé industriel d’ancienne cité minière nichée au cœur d’un bassin métallifère qui lui confère l’essentiel de son identité. Une identité et une mentalité marquées aussi par son appartenance, entre 1953 et 1990, à l’ancienne RDA communiste qui l’avait d’ailleurs rebaptisée Karl-Marx-Stadt.

Cette ville que l’histoire a souvent contraint à se réinventer, a fait de sa capacité à innover un véritable catalyseur culturel. Cette passion pour la créativité se lit déjà dans le choix de son inattendu slogan en anglais See the Unseen qui  « illustre le fait que des villes moins connues à l’international peuvent être mises sur le devant de la scène en tant que Capitale européenne de la Culture ». Chemnitz se donne pour mission de rendre ainsi ses habitants moins « invisibles ».

Ce seront donc environ 150 projets et 1 000 événements proposés par les musées et institutions culturelles qui illustreront ce dynamisme, « un festival de créativité, d’inattendu, de vitalité et d’échanges » selon les mots des organisateurs. Parmi ces événements signalons la reconstitution d’un chambranle du XIXème siècle menant aux galeries des mines des Monts métallifères ou le « chemin d’art et de sculptures » baptisé Purple Path qui racontera des histoires de Chemnitz et de la région à travers les œuvres d’artistes contemporains allemands et étrangers. Seront également ouverts au public, dans la ville et dans les 38 communes avoisinantes, 3000 garages qui étaient, au temps de la RDA, de véritables lieux « cultes »: les habitants s’y réunissaient pour bricoler, donner des concerts, passer du bon temps ensemble.

Des projets dont le caractère social et politique est aussi affirmé avec notamment  un Atelier européen pour la culture et la démocratie, consacré au thème de la participation, et des actions mettant en valeur les projets d’entraide, de solidarité et de coopération entre voisins, dans une région où l’extrême droite prospère.

Cette labellisation de Chemnitz « Capitale européenne de la Culture » est une invitation faite à tous les Européens à découvrir une contrée d’Allemagne qui leur est probablement peu familière et à l’écart des sentiers culturels européens les plus empruntés.