© I feel Slovenia
Si la ville allemande de Chemnitz que nous avons présentée dans notre dernière lettre d’information, répond aux critères classiques d’attribution du titre de Capitale européenne de la culture, l’autre choix du jury européen pour 2025 s’avère, lui, beaucoup plus original.
Un étonnement suscité non par la désignation de la ville slovène de Nova Gorica, mais par le fait que cette dernière, qui n’est que « la moitié » d’un ensemble autrefois plus vaste que les aléas de l’histoire contemporaine (la délimitation de la frontière italo-yougoslave en 1947), ont coupé en deux, a choisi « d’inviter » sa jumelle italienne à partager avec elle l’inestimable reconnaissance que procure le titre de Capitale européenne de la culture.
Nova Gorica est en effet située aux confins ouest de la Slovénie alors que Gorizia, se trouve de l’autre côté de la frontière, en territoire italien. Et c’est là toute l’originalité de la décision européenne : faire de ces deux entités nationales, une seule et unique Capitale européenne de la culture 2025 ! Une décision, il est vrai, dans le droit fil de l’adhésion en 2007 de la Slovénie à l’Espace Schengen qui a permis de gommer la frontière entre les deux entités réunies dans une « agglomération transfrontalière ».
C’est donc un symbole fort d’unité européenne que constitue cette « double » désignation.
Les deux « villes » n’ont pourtant pas le même profil : l’italienne Gorizia (33.000 habitants), »la Nice de l’Adriatique », autrefois rattachée à l’empire austro-hongrois, domine, du haut de son château, de nombreux vestiges de ce passé, à travers jardins et palais ; Nova-Gorica (13.000 habitants), est, comme son nom même le suggère, une « ville nouvelle » : elle a en effet été créée en 1947 par un Etat yougoslave désireux alors d’en faire une vitrine de l’architecture « socialiste ».
Elles ont toutefois toutes deux en commun une tradition d’échanges et ce n’est pas par hasard que le slogan adopté pour cette année « capitale » est « Go ! Borderless » (« Allez ! Sans frontières »). Sans frontières géographiques, bien sûr, mais également sans frontières culturelles, comme une invitation à découvrir l’autre au-delà des différences d’identité. C’est d’ailleurs le 8 février dernier que les festivités se sont ouvertes par une déambulation joyeuse de part et d’autre d’une limite d’Etat qui a perdu beaucoup de sa réalité. Des festivités qui se poursuivront tout au cours de l’année mais qui ont aussi vocation à s’inscrire dans la durée avec des projets mis en œuvre de manière durable.
Le programme copieux, s’il fait la part belle à l’art et à la culture de ces régions frontalières, se veut ouvert à d’autres formes d’expression : la gastronomie, la mode, la musique ou le cinéma et même le sport. Les domaines les plus innovants comme ceux de la technologie et du développement durables en font également partie.
Cet événement « Capitale » 2025 peut faire de Gorizia/Nova Gorica une destination touristique aussi riche qu’inattendue offerte aux Européens désireux de venir vivre en direct, à travers les nombreuses animations qui seront proposées, l’expérience de l’unité européenne et de sa diversité.