La Pologne : Vieille Nation, État récent

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La Pologne, pays victime des grandes puissances européennes, dont la volonté nationale a permis de conserver intacts les héritages de la communauté : vieille nation (36,7 Mh), c’est un Etat récent (307 236 km²), véritablement indépendant depuis 1989.

La Pologne est une vieille nation dont la naissance remonte autour de l’an mil.

La nation trouve sa source dans « le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu » (E. Renan, 1882).

Pour la Pologne, il n’y pas de date identifiable à partir de laquelle faire débuter une étude historique. Le Xème siècle voit la naissance d’un royaume de Pologne chrétien, sous la dynastie des Piast qui règne jusqu’en 1370. Puis le rapprochement avec les Jagellons, Lituaniens progressivement polonisés, conduit à la création, le 1er juillet 1569, d’une « République commune et unifiée ». Devenue latine à la fin du Moyen Age, la Pologne impose sa puissance aux Etats d’Europe centrale. Dans ce pays, alors le plus vaste d’Europe, le XVIème siècle est le siècle d’or de la civilisation polonaise. A la fin du XVIIIème siècle, la Pologne disparaît au profit des trois puissances riveraines : Prusse, Autriche, Russie.

Mais les fondements de la nation polonaise subsistent, reposant sur trois piliers : la langue, le catholicisme et le village. La persistance de la langue polonaise est le principal élément de la résistance. Le polonais devient une composante importante de l’héritage commun ; il contribue à réunir nobles et paysans, catholiques et non catholiques ; il favorise le maintien d’une conscience communautaire. Depuis la conversion de Miezko Ier (966), le catholicisme est un moyen pour le peuple polonais d’affirmer son indépendance et sa différence vis-à-vis de ses voisins. Le creuset de la nation polonaise reste le village, où l’élément polonais est majoritaire, alors que les villes ont été le point d’appui de la présence étrangère en Pologne.

La fin des frontières politiques n’a pas affecté le mouvement national polonais, sinon en l’amplifiant. Trois partages de la Pologne ont lieu en 1772, 1793 et 1795. En 1815, le Congrès de Vienne fait disparaître le Duché de Varsovie mis en place par Napoléon. Un siècle plus tard, les Polonais sont mobilisés dans les deux camps de la Première Guerre mondiale, à l’issue de laquelle les frontières du nouvel Etat sont fixées par le traité de Versailles (juin 1919). Cette renaissance de l’Etat polonais est éphémère. En 1939, le pacte germano-soviétique prévoit un partage du territoire polonais entre Hitler (qui revendique le couloir de Dantzig) et l’URSS de Staline.  La Seconde Guerre mondiale commence en Europe et fait de la Pologne un pays martyr, de nouveau rayé de la carte. Au printemps 1940, plus de 21 800 officiers polonais sont exécutés (massacre de Katyn) sur ordre de Staline qui attribue le crime aux nazis. Plus de 5 millions de juifs européens (dont 2,9 millions de juifs polonais) disparaissent dans les camps d’extermination. En 1945, la Pologne est libérée de l’occupation nazie par l’armée rouge ; le territoire est déplacé de 100 kilomètres vers l’ouest.

Le gouvernement d’union nationale refuse le plan Marshall et la Pologne se range dans le camp soviétique. Le mouvement ouvrier et étudiant remet en cause, à partir de 1956, le régime communiste. En 1979, le pape Jean-Paul II, au cours de son voyage en Pologne, son pays d’origine, incite les Polonais à « ne plus avoir peur ». La reconnaissance du syndicat Solidarnosc en novembre 1980 est la première brèche dans le bloc soviétique. Les élections polonaises de 1989 sont l’évènement clé du démantèlement du système communiste en Europe de l’Est. Le 3 juillet 1989, l’envoyé de Gorbatchev fait une déclaration capitale : « la Pologne est libre de choisir son type de gouvernement ». Une nouvelle république est mise en place et la Pologne adhère à l’Union européenne en 2004.

« Pole », d’où vient le nom de « Polonais », signifie « le champ du plat pays ». Le nouveau territoire, issu de la Seconde Guerre mondiale, présente la monotonie des pays plats sablonneux de la plaine du nord, répétant les paysages de pins et de bouleaux, de plans d’eau et de champs ouverts. Les régions frontalières, passées brusquement d’une fonction de fronts militaires à celles d’interfaces actives sont des régions à problèmes dont le gouvernement polonais a dû se saisir. Le processus d’intégration à l’UE a réorienté les flux économiques et modifié les dynamiques territoriales du pays. L’originalité majeure du réseau des villes, le polycentrisme, est une conséquence du dépeçage de la Pologne à la fin du XVIIIème siècle : pendant plus d’un siècle, le pays n’a pas eu de capitale. Cracovie (804 000 h) est le joyau urbain de la Pologne ; épargnée par la dernière guerre, elle a été affaiblie par la promotion de Varsovie (1,8 M h) comme capitale en 1596.

La Pologne, vieille nation, a désormais un Etat dont les frontières sont calquées largement sur celles de 992 : elles ne sont pas remises en cause. La Pologne tire son intérêt stratégique de sa position à l’interface de deux ensembles géopolitiques, germanique et russe. La sécurité et la cohésion de l’UE sont à la base du programme de la présidence polonaise du Conseil de l’UE.