
© France.tv
La première saison de la série PARLEMENT, créée par Noé Debré, était apparue sur les écrans de France Télévision au printemps 2020. On y découvrait Samy, jeune assistant parlementaire aussi naïf qu’ignorant du fonctionnement de l’assemblée européenne dont il nous faisait parcourir les couloirs et découvrir les arcanes et les « combinazione ».
Il était alors au service d’un eurodéputé, sympathique au demeurant, mais dont la veulerie n’avait d’égale que l’incompétence. On y croisait aussi un panel représentatif de méchants, de déjantés, de manipulateurs, sous le regard impassible d’Eamon, le sage du lieu.
Cinq ans et trois saisons plus tard, Samy est toujours là, beaucoup moins naïf, mais toujours aussi sexy et spontané (le toujours épatant Xavier Lacaille) : une maîtrise parfaite des stratagèmes et des coulisses institutionnelles a pourtant remplacé chez lui l’ignorance placide des débuts. C’est que, depuis, il en a fait du chemin notre Samy ! Le Parlement, il avait eu le temps d’en faire le tour à Bruxelles dans la saison 1 et à Strasbourg dans la saison 2. La saison 3 l’avait vu propulsé à la Commission européenne comme conseiller de Valentine Cantel, jeune et dynamique commissaire française.
Il manquait donc une case à ce jeu de l’oie, celle du Conseil européen qui constitue, avec le Conseil de l’Union européenne, le pôle intergouvernemental de la politique européenne dont les « sommets » qui réunissent régulièrement chefs d’Etat et de gouvernement sont les moments les plus médiatisés de cette institution.
Samy y est envoyé par sa commissaire de patronne qui transpire l’ambition personnelle et l’arrivisme (pour savoir si elle arrivera à ses fins, il vous faudra aller jusqu’au 10ème épisode). Samy n’est pas, lui non plus, dépourvu de cette soif de reconnaissance et de notoriété, et comme il avait jadis incarné la lutte pour la protection des requins, c’est dans un projet improbable de F.B.I. européen chargé de traquer les atteintes à l’environnement qu’il se lance à corps perdu, usant de toutes les ruses pour obtenir l’adhésion de parties aussi diverses qu’inconciliables. Gaston Lagaffe de la manipulation politique il se met lui-même dans des situations rocambolesques dont il ne se tire que par des trouvailles parfaitement incongrues.
Nous sommes bien encore, nous l’avons compris, dans la veine de burlesque et de dérision qui a été celle des trois saisons précédentes : à l’invraisemblance de situations à la limite de l’absurde s’ajoutent toujours les portraits caricaturaux du personnel politique et si Michel Specklin n’est plus le président fantoche du Parlement d’une saison précédente, celui qui aspire à le devenir est d’une fadeur tout aussi abyssale !
Le cadre du récit, lui, qu’il s’agisse des lieux du pouvoir bruxellois ou du fonctionnement institutionnel, est tout à fait respecté, avec même une réelle précision technique sur les modalités de prises de décision tant au sein de la Commission que du Conseil européen. De ce fait, PARLEMENT se révèle être, une fois de plus, un moyen d’accès ludique et probablement efficace, sinon à la compréhension de l’architecture européenne, au moins à sa complexité : ce dernier opus démontre plaisamment la difficulté de cette voie européenne du compromis qui oblige les intérêts particuliers, que ce soient les ambitions personnelles, voire les égoïsmes des Etats et des groupes de pression, à s’effacer finalement devant un intérêt général toujours revendiqué.
Aussi, si vous avez aimé les aventures de Samy et de ses comparses dans les trois premières saisons, ne manquez pas cette quatrième[1], d’autant plus qu’elle est annoncée comme étant la dernière !
[1] A voir en replay ou sur la plateforme France.TV. 10 épisodes de 24 minutes.