Label du Patrimoine européen : des jalons dans l’histoire pour comprendre l’Europe d’aujourd’hui

Le Label du patrimoine européen a pour rôle de mettre en valeur la dimension européenne de monuments, de sites culturels ou de lieux de mémoire, grands témoins de l’histoire de l’Europe ou de la construction européenne.

Lancé en 2006 sur proposition de la France sous la forme d’une initiative intergouvernementale regroupant 18 pays de l’Union européenne, ce label a été définitivement repris en 2011 par la Commission européenne et ce sont 25 pays qui y participent désormais.

Celles et ceux qui ont lu « Le grand Tour »[1], ouvrage  regroupant les textes de 27 écrivains européens publié en mars 2022 sous la direction d’Olivier Guez, se souviennent certainement de celui de l’italienne Rosella Postorino sur l’île de Ventotene, là où le manifeste « Pour une Europe libre et unie », considéré aujourd’hui comme un des textes fondateurs de l’Union européenne, a été rédigé en 1941 par Ernesto Rossi et Altiero Spinelli pendant leur relégation sur l’île.

Comme en écho, l’île de  Ventotene s’est vue attribuer en août de la même année le Label du patrimoine européen, distinction appelée de ses vœux par le Parlement européen dans une résolution soulignant son rôle en tant que lieu de mémoire emblématique de l’intégration européenne et capitale historique de la construction morale et intellectuelle des valeurs communes de l’Europe.

A ce jour, 60 sites européens ont été labellisés dans une vingtaine de pays, dont 5 en France : l’abbaye de Cluny, la maison de Robert Schuman, le quartier européen de Strasbourg, l’ancien camp de concentration de Natzweiler et ses camps annexes (France-Allemagne), le lieu de mémoire du Chambon-sur-Lignon.[2]  [3]

Détenteurs de tout un héritage et choisis pour leurs valeurs symboliques, historiques et culturelles, ces sites ont vocation à rapprocher les Européens de ce qui fait leur héritage commun et de les aider à mieux comprendre les ressorts de la construction de l’Union, notamment au regard des valeurs démocratiques et des droits humains qui la sous-tendent ; une attention étant tout particulièrement portée aux activités éducatives qu’ils organisent en direction des jeunes.

Pour renforcer cet engagement en faveur du patrimoine culturel et de l’histoire commune de l’Europe, la Commission européenne a décidé de lancer en 2023 un appel à la création d’une « organisation faîtière » unique chargée d’accompagner et coordonner le développement et le rayonnement du label.

C’est ainsi que le 25 avril dernier, le Bureau du label du patrimoine européen, a été sélectionné pour développer un projet d’intervention sur 3 années, doté d’un budget de 3 millions d’euros. Ce projet doit permettre d’organiser des mises en réseau, des collaborations, des formations entre les sites, d’accroitre les capacités d’intervention de leurs personnels et de leurs coordinateurs, de soutenir des actions de mise en valeur et de communication autour du Label.

L’objectif est clairement de conforter le Label, de le rendre plus visible et de multiplier les synergies pour qu’il trouve toute sa place aux côtés des autres labels que sont les Itinéraires culturels du Conseil de l’Europe et la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.


[1] « le Grand Tour », se définit comme un « autoportrait de l’Europe par ses écrivains ». 27 d’entre eux issus de chacun des états membres, ont choisi de raconter un lieu emblématique de leur pays, les reliant à la culture et l’histoire européenne, avec l’idée de promouvoir également par la littérature l’idée d’une appartenance et d’un héritage communs. L’ouvrage a été publié aux éditions Grasset.

[2] Tous les deux ans, un jury européen désigné par l’Union européenne examine les candidatures sélectionnées par les différents pays et propose d’attribuer ou non le label.

Les procédures de sélection nationales de 2023, pour une cérémonie officielle d’attribution de la Commission en 2024, se sont closes le 1er mars.

En France, le choix du jury national s’est porté cette année sur une candidature non pas mémorielle mais artistique et culturelle. C’est en effet le territoire de Bougival « creuset de la modernité artistique et culturelle européenne au XIXème siècle » qui a été choisi, cette ville ayant accueilli de nombreux artistes venus de toute l’Europe qui, dans leurs salons, échanges et discussions, ont fait rayonner leurs idées et leurs valeurs en Europe.

[3] La liste actuelle de tous les sites, les critères d’éligibilité et la procédure de candidature pour l’obtention du Label du patrimoine européen sont consultables sur : culture.ec.europa.eu et pour la France : www.culture.gouv.fr

Crédits photo: © Andrijana F — Travail personnel, CC BY-SA 4.0