Europe créative

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Comme le proclame la tribune « pour un « new deal » culturel au cœur du plan de relance européen » signée en mars 2021 dans le Monde par un collectif d’intellectuels et d’artistes de tous pays européens, la culture doit contribuer à donner « à l’Union le souffle qui lui manque terriblement »

Cette revendication d’une politique culturelle européenne forte est cependant récente. Il a fallu attendre 1992 et le traité de Maastricht pour que la culture, jusque-là compétence exclusivement nationale, entre dans le champ communautaire avec une double mission :

  • « contribuer à l’épanouissement des cultures des Etats membres dans le respect de leur diversité nationale et régionale, tout en mettant en évidence l’héritage culturel commun ».
  • « encourager la coopération entre États membres et, si nécessaire, appuyer et compléter leur action dans les domaines suivants : l’amélioration de la connaissance et de la diffusion de la culture et de l’histoire des peuples européens, la conservation et la sauvegarde du patrimoine culturel d’importance européenne, les échanges culturels non commerciaux, la création artistique et littéraire, y compris dans le secteur de l’audiovisuel ».

Dans la lancée, l’Union s’est dotée de programmes financiers d’intervention : dans les années 1990, Kaléidoscope pour les arts vivants, Ariane pour la littérature et Raphaël pour le patrimoine, bientôt réunis, en 2000, dans un programme cadre Culture 2000 complété, en 2007, par un programme Media. En 2013, ces programmes ont fusionné dans le programme Europe créative qui constitue depuis 2014 le principal soutien de la Commission aux secteurs de la culture et de la création. Suite à l’accord politique conclu en décembre 2020 entre le Parlement européen et les États membres de l’UE et après adoption du règlement par le Conseil en avril et par le Parlement en mai, le programme Europe créative 2021-2027 a été lancé en juin et les premiers appels à projet ont vu le jour.[1]

Directement géré par la Commission européenne par l’intermédiaire de l’agence exécutive Education, audiovisuel, culture [2], le programme Europe créative 2021-2027 poursuit deux objectifs :

  • d’une part, préserver, développer et promouvoir le patrimoine et la diversité culturelle et linguistique européens ;
  • d’autre part, accroître la compétitivité et le potentiel économique des secteurs de la culture et de la création et, en particulier, du secteur audiovisuel.

De façon plus spécifique, le programme Europe créative vise à intensifier la coopération artistique et culturelle au niveau européen afin de faciliter la création d’œuvres européennes et de renforcer la dimension économique, sociale et extérieure des secteurs de la culture et de la création en Europe. Il cherche à favoriser l’innovation et la mobilité, et à encourager la coopération en matière d’innovation, de durabilité et de compétitivité. Il entend développer les actions innovantes et collaboratives, promouvoir un environnement médiatique diversifié, indépendant et pluraliste ainsi que l’éducation aux médias, favorisant ainsi la liberté d’expression artistique et le dialogue interculturel.

Par ailleurs, le programme «Europe créative» encourage les efforts et les bonnes pratiques au service des grandes priorités de la Commission européenne, telles que le pacte vert, l’inclusion et l’équilibre hommes-femmes.

Par rapport au programme précédent, Europe créative 2021-2027 présente quelques nouveautés :

  • la plus spectaculaire tient à l’augmentation de plus de 60 % de sa dotation qui passe de 1,5 à 2,44 milliards €[3] ;
  • le programme insiste sur l’inclusion, en promouvant la participation des personnes handicapées, des minorités et des personnes issues de milieux défavorisés, ainsi qu’en soutenant des artistes femmes ;
  • enfin, il doit prendre en compte la situation très dégradée par la pandémie de certains secteurs de la culture, notamment celui de la musique.

Le programme se compose de 3 volets :

  • le volet CULTURE couvre tous les secteurs de la culture et de la création, à l’exception des secteurs audiovisuel et cinématographique. Représentant 1/3 du budget total, il soutient des projets de coopération culturelle européenne, des réseaux européens d’organisations professionnelles, des mobilités d’artistes et opérateurs de la culture ou encore des plates-formes destinées à la promotion d’œuvres européennes. Il finance aussi des actions sectorielles concernant notamment les secteurs de la musique, du livre et de l’édition, du patrimoine culturel et de l’architecture ;
  • le volet MEDIA pour 58 % du budget total, concerne les secteurs de l’audiovisuel et de la cinématographie. Il est divisé en quatre pôles thématiques : contenus, entreprises, publics et politiques. Les actions financées seront par exemple des réseaux de cinémas européens, des festivals européens ou encore des projets de contenus télévisés et en ligne. Parmi les priorités, l’écologisation du secteur et l’inclusion des objectifs sociétaux tels que l’équilibre hommes-femmes et la diversité ;
  • le volet TRANSSECTORIEL pour 9 % du budget, facilite la collaboration entre les secteurs de la création. Il favorise la coopération politique transnationale, les laboratoires d’innovation créative et pour la première fois, soutient le secteur des médias d’information en promouvant l’éducation aux médias, le pluralisme et la liberté des médias.

Europe créative 2021-2027 s’inscrit dans la stratégie européenne portée par le Pacte vert en aidant les secteurs de la culture et de la création à devenir plus numériques, plus écologiques, plus résilients et plus inclusifs.


[1] Le programme Europe créative est ouvert à tous les opérateurs culturels des Etats membres de l’Union européenne et sous certaines conditions, aux opérateurs des pays de l’AELE, de la Suisse, des pays candidats ou potentiellement candidats, ainsi qu’à ceux des pays de la politique européenne de voisinage (au Sud, les pays du Maghreb, à l’est, l’Ukraine, l’Arménie, l’Azerbaïdjan…).

[2] Sous la responsabilité de Mariya Gabriel,  Commissaire européenne à l’innovation, la recherche, la culture, l’éducation et la jeunesse.

[3] Cela ne représente que 0,2 % du budget de l’Union.

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