La Belgique

© Conseil de l’UE – Belgium 2024

La Belgique, un des six pays fondateurs de l’Union européenne (UE), a pris pour la treizième fois la Présidence du Conseil de l’UE. Elle assure cette présidence depuis le 1er janvier 2024 jusqu’au 30 juin prochain. Ce petit pays (30 450 km2, 11,75 millions d’habitants en 2023) est dépourvu d’unité.

On entend souvent : « Bruxelles a décidé que… ». L’UE est en effet le fondement de l’identité belge.

Ce pays est jeune. Les provinces belges qui ont toujours été convoitées, sont passées plusieurs fois de l’Autriche à l’Espagne depuis la mort de Charles le Téméraire en 1477, avant de devenir françaises en 1792 puis hollandaises en 1814. La révolution belge de 1830 chasse les Hollandais, mais la Belgique ne commence réellement à exister qu’après 1839. Membre fondateur de l’ONU, de l’OMC, de l’OCDE, du Conseil de l’Europe, de l’OTAN (dont le siège est à Bruxelles depuis 1966), la Belgique a joué un rôle pionnier dans plusieurs institutions internationales : le Benelux (union douanière en 1944), la CECA en 1952, la CEE en 1957 puis l’UE. Après avoir été le champ de bataille de l’Europe, c’est tout naturellement que la Belgique a vu dans la construction européenne un facteur de paix et de stabilité, une garantie de l’indépendance des petites nations.

La capitale belge abrite les principales institutions européennes ; la Commission y a son siège permanent, le Parlement s’y réunit en alternance avec Strasbourg et le Conseil de l’UE s’y retrouve habituellement. Bruxelles est également le siège du Comité économique et social européen, du Comité des régions de l’UE et du Contrôleur européen de la protection des données.

La Belgique a compté de grands serviteurs de l’idée européenne. Parmi eux, considéré comme un des Pères de l’Europe, Paul-Henri Spaak, ministre des affaires étrangères, a joué un rôle essentiel dans la création du Marché commun. Léo Tindemans a rédigé des rapports importants (en 1970 et en 1975) préconisant une plus grande coopération politique entre les pays européens.

Le poste de Président du Conseil européen a été occupé par le belge Herman Van Rompuy de novembre 2009 à novembre 2014. Depuis 2019, c’est de nouveau un belge, Charles Michel, qui remplit cette fonction. La Belgique dispose de 21 députés au Parlement européen.

Son ambition, à la présidence du Conseil de l’UE, est de « protéger, renforcer, prévoir » : défendre l’Etat de droit, la démocratie, protéger les individus et les frontières, renforcer la compétitivité de l’UE, le progrès social et sanitaire, poursuivre une transition écologique juste.

Quelques dossiers doivent être traités en urgence : les nouvelles règles du pacte de stabilité et de croissance, la révision du cadre financier pluriannuel qui comporte une aide de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine, la préparation d’une feuille de route pour orienter les discussions autour de l’adhésion future de l’Ukraine et de la Moldavie avant le relais problématique qui sera pris le 1er juillet 2024 par la Hongrie à la présidence du Conseil de l’UE.

La Belgique, c’est l’identité des différences.

Si l’Europe est le fondement de l’identité belge, c’est parce que ce pays n’a pas d’image forte ; son identité, c’est celle des « contraires ». En premier lieu, les langues : la Belgique compte 4 régions linguistiques ; wallonne (française), flamande (néerlandaise), bilingue (Bruxelles) et allemande (à la frontière est de la Belgique).

Sur le plan culturel, la Flandre se différencie de la Wallonie et de Bruxelles : elle est plus homogène, plus traditionnelle ; les Flamands avec un goût certain pour la discipline et l’ordre se perçoivent comme mieux organisés et estiment que les francophones, s’ils sont plus spontanées, sont aussi plus désordonnés et plus flous dans leurs entreprises.

Ainsi, les fractures de l’Etat belge ne sont pas seulement d’origine linguistique mais aussi socioculturelles.

La nature a sa part dans les contrastes régionaux, comme le souligne « Le plat pays », le beau texte de Jacques Brel, à la fois poétique et géographique :

« Le plat pays », « la mer du Nord pour dernier terrain vague » : les deux-tiers du pays (dont la surface totale est de 30 452 km2) sont à l’extrémité de la grande plaine européenne, en bordure de la mer du Nord ; l’altitude est toujours inférieure à 250 m jusqu’en bordure du sillon Sambre et Meuse. Mais le massif ardennais est à plus de 400 m, culminant à 694 m au signal de Botrange dans les Hautes Fagnes.

 « Les chemins de pluie » : un climat tempéré froid océanique ; des températures modérées, des vents dominants de sud-ouest et d’ouest, une forte nébulosité, des pluies fréquentes et régulières.

Mais aussi « la plaine fumante sous juillet … quand le vent est au blé », avec les régions du cœur de la Belgique à forte orientation agricole (blé, betterave à sucre).

« Un canal s’est perdu… » : la Belgique est le pays des réseaux de transport ; réseau serré de voies navigables, système autoroutier complet, réseau ferré le plus ancien du continent, le plus dense du monde. De plus la Belgique occupe une position stratégique au centre de la plus importante concentration industrielle et urbaine de l’Europe occidentale et de l’arrière-pays à la plus forte concentration mondiale de ports maritimes, sur la « dorsale européenne ».

« Les cathédrales pour uniques montagnes » : les bâtiments, halles, hôtels de ville, beffrois, symbolisent la réussite des cités. La capitale, Bruxelles (1,2 M h, 10 % de la population et 15 % du PIB), avec ses nombreux monuments, est le centre névralgique du pays.

Un pays fragile, un fonctionnement complexe du système politique.

La Belgique est une monarchie constitutionnelle, fédérale depuis 1993. Philippe de Belgique en est le roi depuis le 21 juillet 2013, après les vingt ans de règne d’Albert II. Le roi des Belges nomme et révoque les ministres ; le « ministère » doit être approuvé par le Parlement, élu à la proportionnelle, constitué d’une Chambre des représentants et d’un Sénat.

Trois Régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles-capitale) sont compétentes dans les domaines économique et territorial. Trois Communautés (flamande, française et germanophone) sont responsables de la culture, de l’enseignement et de la langue.

Depuis 1990, cinq révisions de la constitution ont permis, l’instauration de la fédération. L’exercice du gouvernement est difficile en raison des équilibres politiques et linguistiques à respecter. Les revendications flamandes pressantes pour une extension du fédéralisme, la montée des nationalistes flamands (alliance néoflamande N-VA, favorable à la séparation de la Flandre) favorisent les crises politiques (par exemple, en 2019, huit tentatives pour former un gouvernement : crise qui a duré presque deux ans…). La coalition du libéral Alexander de Croo (Premier ministre depuis le 1er octobre 2020), composée de sept partis unis par la volonté d’empêcher le retour au pouvoir des nationalistes de l’Alliance néoflamande, est actuellement sous le feu des critiques : déficit public élevé, revendications syndicales pour les salaires, difficultés du système d’asile… A quelques semaines d’un scrutin pluri électoral (municipal, régional, fédéral et européen), le Vlaams Belang, parti d’extrême droite eurosceptique et adepte d’un gouvernement flamand, caracole en tête des sondages.

La Belgique est un pays fragile, saisi par une dynamique de dissociation, avec des clivages profonds, des institutions n’offrant pas de contrepoids suffisants aux tendances centrifuges. L’avenir de la Belgique est incertain, mais Bruxelles reste un ciment solide.

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