La Commission von der Leyen II, programme 2024-2029

© European Union, 2024- Dati Bendo

Le 18 juillet 2024, dans son discours d’investiture devant le Parlement complété par un document intitulé le Choix de l’Europe et transmis préalablement aux eurodéputés, Ursula von der Leyen a exposé ses orientations politiques pour la prochaine commission européenne 2024-2029 en précisant : « Ces orientations constituent notre  plan pour la force et l’unité de l’Europe. Les priorités qui y sont détaillées s’appuient sur les consultations que j’ai menées et sur les idées communes à propos desquelles j’ai échangé avec les forces démocratiques au Parlement européen ainsi que sur le programme stratégique 2024-2029 du Conseil européen ».

En effet, quelque trois semaines auparavant, le 27 juin 2024, le jour même où il procédait à la désignation d’Ursula von der Leyen à la candidature, le Conseil européen, adoptait un nouvel Agenda stratégique pour l’Union européenne c’est-à-dire le  programme stratégique pour le nouveau cycle institutionnel 2024-2029. Emanant des 27 chefs d’Etat et de gouvernement, lancé en octobre 2023, inscrit à l’ordre du jour de plusieurs consultations jusqu’en 2024, l’Agenda stratégique « constitue notre engagement commun à servir sans équivoque nos citoyens et à réaliser notre objectif fondateur de paix et de prospérité ». A ce titre, il fixe le cap des cinq années à venir pour les institutions de l’UE, notamment pour la Commission européenne dont le programme de travail doit s’articuler avec les objectifs de l’Agenda.

Ces objectifs, consultables sur le site du Conseil européen Consilium.europa.eu et sur celui du Secrétariat général des Affaires européennes sont au nombre de 3 :
– « Une Europe libre et démocratique »
– « Une Europe forte et sûre »
– « Une Europe prospère et compétitive »

A partir de cet agenda, la présidente de la Commission propose 7 orientations politiques pour 2024-2029 :
« Un nouveau plan pour une prospérité et une compétitivité durables de l’Europe » décliné ainsi :
– faciliter l’activité des entreprises et approfondir le marché unique ;
– élaborer un pacte pour une industrie propre pour décarboner et faire baisser les prix de l’énergie ;
– améliorer la circularité et la résilience de l’économie de l’Union ;
– stimuler la productivité grâce à la diffusion des technologies numériques ;
– placer la recherche et l‘innovation au cœur de l’économie de l’Union ;
– décupler les investissements ;
– remédier aux pénuries de compétences et de main d’œuvre.

La deuxième orientation, « Une ère nouvelle pour la défense et la sécurité européennes »  prend en compte l’état du monde et notamment la guerre en Ukraine :
– faire de l’Union européenne de la défense une réalité ;
– élaborer une stratégie de l’Union pour la préparation aux crises ;
– rendre l’Europe plus sûre et mieux sécurisée ;
– renforcer les frontières communes ;
– agir de manière équitable et ferme en matière de migration.

Les troisième et quatrième orientations touchent au social. En 2019, il s’agissait de promouvoir le modèle social européen. En 2024, il convient de :

  1. « Soutenir les personnes et renforcer nos sociétés et notre modèle social » :
    – promouvoir l’équité sociale dans une économie moderne ;
    – restaurer l’unité de nos sociétés, soutenir nos jeunes ;
    – poursuivre la construction d’une Union de l’égalité.
  1. « Préserver notre qualité de vie : sécurité alimentaire, eau et nature » par des mesures d’adaptation et de préparation au changement climatique, et de solidarité dans ce domaine.

 

Les deux orientations suivantes ont trait à l’identité et à la place de l’Union.

  1. « Protéger notre démocratie, défendre nos valeurs » :
    – protéger notre démocratie ;
    – renforcer l’état de droit ;
    – placer les citoyens au cœur de notre démocratie.
  1. « L’Europe dans le monde : user de notre puissance et de nos partenariat » :
     – l’élargissement comme impératif géopolitique ;
    – une approche plus stratégique à l’égard de nos pays voisins ;
    – une nouvelle politique économique étrangère ;
    – un refaçonnage du multilatéralisme pour le monde d’aujourd’hui.

 

La 7ème et dernière proposition, « Atteindre les objectifs ensemble et préparer notre Union pour l’avenir », porte sur les moyens de l’action :
– un nouveau budget à la hauteur de nos ambitions ;
– un programme ambitieux de réformes pour l’Europe ;
– une coopération active avec le Parlement européen.

De ses orientations exposées durant l’été, Ursula von der  Leyen  dégage des priorités qu’elle égrène dans le discours d’approbation global de la nouvelle Commission par le Parlement européen le 27 novembre 2024 tout en explicitant les lettres de mission des commissaires.

 Alors qu’en 2019, le Pacte vert était au cœur du programme, cinq ans plus tard, le maître mot est la compétitivité.
Faisant sien le diagnostic alarmiste établi par l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, sur l’état économique de l’Union, Ursula von der Leyen annonce « la première initiative majeure de la nouvelle Commission » : une boussole pour la compétitivité.

Tout à la fois cap et cadre tout au long du mandat, la boussole repose sur 3 piliers :
– Linnovation pour « combler l’écart qui nous sépare des États-Unis et de la Chine », avec la création du poste de commissaire aux start-ups, à la recherche et à l’innovation confié à Ekaterina Zaharieva, ex vice-première ministre de Bulgarie et ministre à plusieurs reprises qui travaillera en relation avec Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive en charge de la souveraineté technologique notamment numérique, plusieurs fois ministre finlandaise et réélue en juin pour un troisième mandat à Strasbourg.
– La décarbonation et la compétitivité avec un double pilotage : celui de la première vice-présidente exécutive pour une Transition propre, juste et compétitive en charge de la concurrence, Teresa Ribera, ex ministre espagnole de la Transition écologique et du Défi démographique et ex vice-présidente du gouvernement espagnol, et celui du vice-président exécutif pour la prospérité et la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné, eurodéputé en 2019, et ex ministre français démissionnaire de l’Europe et des Affaires étrangères. Ils travailleront en étroite collaboration avec Wopke Hoekstra, commissaire néerlandais sortant en charge du climat, de la neutralité carbone et de la croissance propre, avec, en charge de l’énergie et du climat, Dag Jorgensen, ex ministre danois de la Coopération pour le développement et de la Politique climatique mondiale, et avec, chargé des Transports et du tourisme durables, le Grec Apostolos Tzitzikostas, ex président du Comité européen des Régions.
– La réduction des dépendances excessives de l’Union. Pour cette mission, Marcos Sefkovic, vice-président sortant, sera en tant que commissaire en charge du Commerce et de la sécurité économique, appuyé par Hadja Lahbib,  ex ministre belge des Affaires étrangères et des Affaires européennes,  en charge  de l’état de préparation et de la gestion de crise, par  Olivér Vàrhely, commissaire hongrois sortant  en charge de de la santé, notamment des biotechnologies et des médicaments essentiels et par Jessica Roswall, ex ministre suédoise des Affaires européennes et de la Coopération nordique, qui devient commissaire à l’environnement, la résilience en matière d’eau et d’économie circulaire compétitive.

La compétitivité repose sur l’investissement. Investissement public auquel travaillera Piotr Serafin, diplomate polonais, représentant permanent de la Pologne auprès de l’UE qui prend en charge le budget, la lutte antifraude et l’administration publique. Investissement privé que Maria Luis Albuquerque ancienne ministre des finances  du Portugal, sera chargée de stimuler en tant que commissaire aux Services financiers et à l’union de l’épargne et des investissements, l’objectif étant que les entreprises européennes ne souffrent pas d’un déficit de capitaux. Par ailleurs pour leur faciliter la tâche, le letton Valdis Dombrovskis vice-président sortant devient commissaire à l’économie, à la productivité et sera chef de file en matière de simplification et d’application de la législation.

En matière de sécurité, dans un monde très instable, l’Union se doit de jouer un rôle important.  En première ligne, la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, Première ministre estonienne de 2021 à 2024. Concerné, le premier commissaire à la Défense et à l’espace, Andrius Kubilius, ancien Premier ministre lituanien, député européen depuis 2019, réélu en 2024.

S’agissant des relations avec l’étranger proche, Josef Sikela, ministre tchèque sortant de l’Industrie et du Commerce, aura en charge les partenariats internationaux ; Dubravca Suica, croate, vice-présidente sortante, sera la toute première commissaire pour la Méditerranée, le poste de l’élargissement étant confié à Marta Kos, une diplomate slovène. Chargé d’assurer la sécurité des frontières tout en adoptant une approche équilibrée, le commissaire aux Affaires intérieures et à la migration, Magnus Brunner, ministre autrichien des finances.

Plusieurs commissaires prennent en charge un domaine de la vie des citoyens européens : droits sociaux, compétences, emplois de qualité avec la vice-présidente exécutive  Roxana Mînzatu, auparavant ministre roumaine en charge des Fonds européens ; le logement avec le tout premier commissaire Dag Jorgensen ; la qualité de vie dans tous les espaces de l’Union avec un vice-président exécutif chargé de la cohésion et des réformes confié à Raffaele Fitto, ministre italien en charge des Affaires européennes, de la Cohésion et du Plan de relance. Sans oublier des communautés spécifiques : les pêcheurs avec Costas Kadis, commissaire à la pêche et aux océans, plusieurs fois ministre dans son pays, Chypre et les agriculteurs avec Christophe Hansen, eurodéputé luxembourgeois sortant, commissaire à l’agriculture et à l’alimentation,

Enfin deux portefeuilles ont trait aux valeurs européennes : Démocratie,  justice, Etat de droit et protection des consommateurs à Michael McGrath, ministre irlandais des finances, et Equité intergénérationnelle, jeunesse, culture et sport à Glenn Micallef, chef de cabinet du Premier ministre maltais.