La présidence croate s’achève : essai de bilan ?

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Pour la première fois depuis son entrée dans l’Union européenne (UE), en 2013, la Croatie préside le Conseil de l’UE au premier semestre 2020. En ce début du mois de juin, est-il possible de dégager les grandes lignes de l’action menée dans le cadre de cette présidence, compte tenu de la période bouleversée dans laquelle elle s’est inscrite ?

« Une Europe forte dans un monde de défis ».

Ce slogan résume les priorités définies par la Croatie :

  • une Europe qui unisse grâce à une économie en réseau (espace de transport aérien européen unique, marché énergétique intégré) ;
  • une Europe qui rayonne avec une responsabilité particulière à l’égard du voisinage du sud-est du continent ;
  • une Europe qui se développe en protégeant l’environnement ;
  • une Europe qui protège, en faisant face aux menaces qui pèsent sur l’État de droit et les valeurs démocratiques.

Ces deux dernières priorités révèlent cependant des contradictions. Les coûts financiers de la présidence pouvant être partiellement couverts par des parrainages ; celui de la compagnie pétrolière croate INA, fournisseur officiel de carburant pour les véhicules (mis à disposition de la présidence par Peugeot et Citroën), interroge les défenseurs de l’environnement.

D’autre part, la défense de l’État de droit et de la démocratie s’accommode mal de l’organisation, par le Parlement croate, le 17 mai 2020, d’un hommage aux soldats de l’État oustachi croate pronazi, réunissant 5.000 personnes à Zagreb, ceci en l’absence totale de réaction de l’UE, ni de Bruxelles, ni d’aucune capitale européenne…

Une partie de ce programme est mise en œuvre.

Les discussions du cadre financier pluriannuel et l’élaboration du nouveau budget de l’UE pour les sept ans à venir sont rendues plus difficiles avec le départ du Royaume-Uni.

Les négociations du Brexit piétinent en raison de l’attitude peu constructive du Royaume-Uni et de la mise en quarantaine  pour contamination par le coronavirus de Michel Barnier, le négociateur en chef de l’UE et de David Frost, son interlocuteur à Londres.

En janvier, la présidence croate a dirigé les discussions sur le « pacte vert européen » et a souligné la nécessité de la réforme de la PAC (Politique agricole commune).

Sur le thème de l’environnement, Greta Thunberg a été invitée, début mars, à s’adresser aux ministres européens de l’environnement au nom du mouvement « Vendredi pour le futur ».

En mars, l’Albanie et la Macédoine du Nord abordent une nouvelle étape dans le processus d’entrée dans l’UE, avec un accord politique pour ouvrir les négociations d’adhésion. Un sommet UE – Balkans occidentaux s’est tenu début mai à Zagreb en vidéo conférence.

Un travail de réflexion a été mené à propos des accords sur le statut entre Frontex et les pays d’Europe du Sud-est ; la situation des frontières de l’UE avec la Turquie a retenu l’attention des ministres de l’intérieur.

Mais l’épidémie du Coronavirus s’impose dans l’agenda.

A partir du mois de mars, l’importance prise par l’épidémie domine l’activité du Conseil. L’UE maintient sa capacité à prendre des décisions ; les réunions essentielles sont maintenues, les rencontres non urgentes ou non essentielles sont annulées ou reportées.

Le Conseil affirme la nécessité de la solidarité et d’une coordination complètes entre les États membres pour lutter contre la crise. Dans ce sens, une amélioration des couloirs de transit est prévue afin de poursuivre la libre circulation des marchandises.

Les ministres de l’éducation, dès le début mars, discutent de conséquences de l’épidémie sur l’éducation.

Au mois de mai, le Conseil juge prioritaire l’ouverture de discussions au sujet des propositions de relance de l’économie. Il adopte des mesures de soutien pour l’aviation et le secteur ferroviaire, étudie les effets de l’épidémie sur les secteurs culturels, le « paquet tourisme et transport » de la Commission, la mise en place d’un instrument temporaire conçu pour aider les travailleurs à conserver leur emploi durant la crise (« SURE », filet de sécurité pour l’emploi, les entreprises, 540 Mds €, opérationnel le 1er juin 2020).

Début juin, le Ministre de l’intérieur croate a présidé une visioconférence des ministres de l’intérieur pour discuter des contrôles aux frontières intérieures et de la libre circulation des personnes, conformément à la feuille de route élaborée par la Commission pour la durée des mesures de confinement.

Au terme d’un mandat perturbé, la Croatie va passer le relais à l’Allemagne qui prendra la présidence pour le second semestre 2020.

Sources :

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