Le lycée Raoul Dautry : lauréat du Prix de la fondation Hippocrène

© Lycée Dautry

En juin 2023, est né le projet « Artificial intelligence : a blessing or a curse ? »[1]. Il s’appuie sur l’expérience de plus de 10 ans d’une équipe soudée d’enseignantes européennes.

La Fondation Hippocrène soutient le jaillissement de projets permettant aux jeunes Européens de construire une communauté européenne. Elle a ainsi récompensé, par le Grand Prix 2024,  le lycée Raoul DAUTRY de Limoges pour son projet sur l’Intelligence Artificielle (IA) piloté par Mme Fasquel. Professeure agrégée d’anglais, spécialité « anglais monde contemporain », elle enseigne depuis 25 ans. Elle est ambassadrice eTwinning[2] depuis 2011. Ses projets européens sont régulièrement primés et elle a été finaliste du Global Teacher Prize 2017.  La dotation de ce prix est de 10.000 €. Il permettra le financement de mobilités européennes.

Au lycée Raoul Dautry, certains élèves découvraient eTwinning, d’autres avaient participé au projet « Speak up for change », finaliste du Prix Hippocène il y a deux ans, lorsqu’ils étaient en classe de seconde.

L’objectif était de choisir un sujet qui permette aux élèves de réfléchir ensemble, à un sujet européen qui les concerne, qui fait débat et ainsi de les préparer à l’Europe de demain. Ils ont choisi l’IA.

L’intelligence artificielle est en effet une technologie qui divise et qui fait peur.

Cependant, la première réaction de Madame Fasquel a été : « L’intelligence artificielle est là et ne va pas disparaître, donc, au lieu de se lamenter, formons nos élèves pour qu’ils l’utilisent de façon intelligente, qu’ils s’en saisissent en toute connaissance de cause ».

Beaucoup d’élèves tutoient déjà l’IA et parfois sans discernement : « triches et copier-coller de travaux non aboutis, incorrects, parfois hors sujet, non relus, en bref, une catastrophe ».

Cela pourrait les empêcher justement de réfléchir et de penser par eux-mêmes.

C’est à partir de ces constatations et de l’accueil très enthousiaste de ses partenaires européennes qui sont également professeures d’anglais (Mariella Sorrentino et Maria Rosaria Gismondi, italiennes, Sabin Burkhardt et Inga Jahncke, allemandes et Nese Çelik, turque) que le projet a débuté en octobre 2023.

La première tâche a été de se présenter et de dire en trois mots ce que représente l’IA pour chacun.

Pour cela, Inga Jahncke a créé des tableaux collaboratifs en ligne, un par groupe international, car l’idée est avant tout que les élèves collaborent systématiquement dans de petits groupes multinationaux.

Ils ont créé des vidéos, des posters, des textes pour se présenter. Ils ont commenté ceux de leurs nouveaux camarades. Ils ont également expliqué leurs choix. Ces tâches ainsi qu’un sondage ont permis, avant de débuter le projet, de faire le point sur leurs connaissances et sur leurs attentes.

La deuxième étape a été de créer un logo imaginé par les élèves. Il inclut le logo eTwinning, les quatre drapeaux des pays représentés, l’intelligence artificielle mais aussi un visage humain.

La troisième étape a été de travailler en classe et en dehors de la classe sur la thématique de l’IA pour apporter des connaissances aux élèves grâce à une préparation de cours de Madame Fasquel.

Les élèves ont travaillé à partir de vidéos, de textes, de sites et de la veille numérique des enseignantes. Ils ont partagé leurs a priori au sujet de l’IA, ont débattu et étudié en quoi consiste un bon podcast.

La quatrième étape a été de sélectionner des sujets spécifiques tels que l’IA et la musique, l’IA et le handicap, le futur de l’IA, l’IA et le monde du travail, l’IA et Hollywood, l’IA et l’art.

La cinquième étape est en cours : par groupes internationaux, il leur faut créer un ou deux podcasts. Pour cela, ils ont commencé par échanger afin de faire plus ample connaissance et de sélectionner leurs rôles selon leurs talents et leurs envies. Il s‘agissait d’effectuer les recherches préalables, rédiger le script du podcast, le relire, l’enregistrer, le monter, le mettre en ligne, le partager… et créer le logo de ce podcast, puis le logo de la chaîne de podcasting.

Ce travail commun et d’entraide permet de valoriser les talents de chacun et d’apprendre à connaître des jeunes de différents horizons.

Il s’agit aussi d’analyser une technologie potentiellement dangereuse, d’apprendre à l’utiliser de façon bénéfique, de devenir des citoyens plus ouverts, prêts à comprendre l’autre dans sa différence, à échanger sur ces différences et à découvrir d’autres traditions, d’autres façons de travailler.

Ce projet leur permet également de mieux comprendre la « nétiquette », les droits nécessaires aux différentes utilisations. Par exemple, ils ont le droit d’utiliser de la musique pour créer leurs podcasts, mais doivent la sélectionner en tenant compte des droits d’auteur, du domaine public.

Ils passent d’un rôle d’utilisateur, de lecteur, de spectateur [recherches/lectures/cours] à un rôle de créateur de contenu. Ce rôle implique bien plus que lire un document sur un sujet. Il s’agit de tenir compte des futurs auditeurs. Ce podcast sera en ligne, et leur permettra de partager des informations, des réflexions, qui feront avancer le sujet.

Le but ultime est que cette synergie, entre élèves européens, leur permette d’aller plus loin et les fasse réfléchir, de façon critique, avant d’accepter une technologie sans la remettre en question.

En conclusion, tous les jeunes Européens vont avoir à gérer leur usage de l’IA, à l’utiliser à bon escient pour en tirer profit. Ce projet a été conçu pour les y aider!

L’IA doit être un apport, un outil pour l’être humain et non contre.


[1] Intelligence artificielle : un bien ou un mal ?

[2] eTwinning est le réseau social des enseignants européens.

C’est une communauté professionnelle éducative pour les acteurs de l’enseignement scolaire en Europe. Au travers d’un projet pédagogique innovant, tous les acteurs de l’éducation scolaire en général, des cycles primaires, secondaires et formation professionnelle initiaux peuvent échanger entre pairs et bénéficier de formations gratuites.

Lancée en 2005, cette plateforme propose une méthodologie, une approche pédagogique, une communauté de pratiques qui permettent l’innovation, la communication et la collaboration.

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