L’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ), une institution forte de plus de 60 ans d’expérience

L’OFAJ a été fondé le 5 juillet 1963 et a été la première organisation supranationale franco-allemande à voir le jour. On dit parfois qu’il est le « plus bel enfant du traité de l’Élysée, conclu entre les deux pays le 22 janvier 1963, et certains ont même avancé le fait que l’OFAJ avait organisé « la plus grande migration des peuples en temps de paix ».

Soixante ans après sa création, l’OFAJ peut se réjouir d’avoir permis à près de dix millions de jeunes Français et Allemands de se rencontrer au travers d’un nombre considérable de programmes d’action.

Mais l’histoire de son  installation, tout comme de ses évolutions, tant en termes d’organisation que de missions, reflète les nombreux défis qu’il a eu à relever.

L’OFAJ a dû en effet s’adapter à l’évolution des enjeux de société, prendre en compte l’émergence de nouvelles cultures jeunes avec leurs attentes spécifiques, réagir aux crises économiques, sociales, migratoires et géopolitiques en proposant un renouvellement permanent de ses programmes et, tout aussi fondamentalement, veiller à ce que les jeunes ayant le moins accès à la mobilité puissent participer davantage aux échanges.

En 1963, il s’agit de resserrer les liens entre la jeunesse française et la jeunesse allemande, de renforcer leur compréhension mutuelle, après qu’on a misé dans les années cinquante sur l’ouverture et le dépassement, de part et d’autre du Rhin, des stéréotypes sur « l’ennemi héréditaire. »

L’objectif alors fixé à l’OFAJ par les deux gouvernements est de toucher non seulement les scolaires et les étudiants, mais aussi les jeunes entrants ou déjà entrés dans le monde du travail (apprentis, ouvriers, artisans, etc.), avec la volonté de démocratiser les échanges par l’ouverture à des milieux qui, pour des raisons financières, linguistiques et culturelles, en étaient jusqu’alors exclus.

Au cours de ces premières années, l’OFAJ choisit une approche quantitative.

Le cap du premier million de jeunes est ainsi dépassé dès 1967. Les échanges scolaires représentent alors l’un des plus importants secteurs d’activité de l’OFAJ et la priorité est donnée à des programmes d’échanges à caractère plutôt général.

Dans les années 70, l’OFAJ connait une importante réforme dans son organisation et ses orientations. Il ouvre ses programmes à des ressortissants de pays tiers européens et les jeunes travailleurs deviennent sa priorité. A la fin de la décennie, 60 % des jeunes de plus de 16 ans participant aux programmes sont de jeunes professionnels et apprentis.

La décennie 1980 se caractérise par l’introduction de programmes individuels et le renforcement d’outils d’aide au développement des échanges, tels que la mise en place d’actions de recherche pédagogique appliquée aux rencontres, l’intensification des programmes de formation d’animateurs et des programmes linguistiques extrascolaires.

La chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989, puis la réunification de l’Allemagne le 3 octobre 1990, sont l’occasion de démontrer la réactivité de l’OFAJ qui ouvre immédiatement ses programmes aux jeunes Allemands de l’Est,

Mais ces deux événements s’inscrivent dans un contexte plus large de recomposition européenne liée à la fin de la Guerre froide. L’OFAJ accompagne les nouveaux élargissements européens et un fonds spécial est ainsi mis à sa disposition.

Avec la Pologne, la coopération s’avère particulièrement exemplaire grâce au processus de coopération trilatérale, dénommé « triangle de Weimar »[1].

 Un Office germano-polonais pour la Jeunesse est fondé en juin 1991, montrant la « transférabilité » de l’expérience franco-allemande au service de la réconciliation et de la coopération de peuples qui se sont longtemps entredéchirés.

Au seuil des années 2000, suite aux conflits dans l’ex-Yougoslavie, l’OFAJ s’investit également dans la coopération avec les pays de l’Europe balkanique et dispose à cet effet d’un autre fonds spécial. En 2016, il contribuera même à la création du Regional youth cooperation office (RYCO) pour les Balkans occidentaux[2].

En 2005, un nouvel accord franco-allemand est signé, réformant l’OFAJ afin de moderniser son organisation et d’accroître sa visibilité. Objectif : en faire « la » référence pour les échanges franco-allemands de jeunes en Europe et développer différents réseaux d’appui. C’est dans ce cadre qu’est créé en 2009 un réseau de 100 « Jeunes Ambassadrices et Ambassadeurs OFAJ » et de Points Info OFAJ[3].

Avec le traité d’Aix-la-Chapelle, signé le 22 janvier 2019, le rôle de l’OFAJ est encore conforté et son budget porté à près de 30 millions d’euros.  Il se voit confier la mise en œuvre du Fonds citoyen franco-allemand pour le temps de sa phase pilote.

A partir de 2019, un troisième fonds spécial pour les programmes d’échanges tri nationaux avec les pays du Maghreb est également créé. Il s’agit de soutenir les organisations de la société civile de ces pays qui défendent la démocratie par des projets qui intéressent les jeunes en Europe et le sud du pourtour méditerranéen.

Au fil du temps l’OFAJ a ainsi considérablement diversifié ses programmes pour toucher tous les âges et les catégories de « jeunes » de façon  individuelle ou collective et pour favoriser la mobilité franco-allemande et européenne pour tous.

Projets trinationaux et projets plurinationaux ont permis de desserrer le cadre bilatéral des échanges au profit d’une plus grande mobilité des jeunes en Europe et on peut considérer qu’au travers de ses objectifs et ses actions l’OFAJ a pu jouer un rôle précurseur et faire figure de référence dans la création du programme ERASMUS, avec lequel des coopérations sont désormais en place[4].

De nos jours, L’OFAJ c’est l’aide à la réalisation de plus de 8 000 programmes d’échanges, qu’il s’agisse d’échanges scolaires, universitaires, de projets à caractère sportif ou culturel, d’actions dans le domaine professionnel, d’apprentissage linguistique, de formations pour l’encadrement des échanges ou même de promotion des jumelages …

Fonctionnant selon le principe de subsidiarité, il soutient les porteurs de projet à la fois sur le plan financier, pédagogique et linguistique. Il apporte son aide pour la préparation des rencontres et leur évaluation et joue ainsi un rôle important de conseil.

Son intervention se fonde notamment sur les objectifs suivants :

  • approfondir les liens qui unissent les enfants, les jeunes, les jeunes adultes et les responsables de jeunesse des deux pays ;
  • contribuer à la découverte de la culture du partenaire et encourager les apprentissages interculturels ;
  • développer les projets communs pour favoriser l’engagement citoyen ;
  • sensibiliser à la responsabilité particulière de la France et de l’Allemagne en Europe ;
  • susciter l’intérêt pour la langue du partenaire et renforcer l’apprentissage linguistique.

Pour 2023-2025 son plan d’orientation a été plus particulièrement défini autour de 5 grands thèmes :

  • permettre à tous les jeunes de (re-)vivre l’expérience des échanges ;
  • placer l’écoresponsabilité et la préservation du climat au cœur des échanges ;
  • agir pour la démocratie et pour la paix dans une Europe de la diversité ;
  • partir pour grandir ;
  • dessiner l’avenir avec la jeunesse dès aujourd’hui.

Fort de son apport pionnier dans le domaine de la réconciliation européenne et de sa spécificité,  la volonté de l’OFAJ, au-delà de son caractère franco-allemand, est bien de contribuer à l’acquisition par les jeunes de compétences-clés pour l’Europe et d’œuvrer à l’approfondissement et à la consolidation de leur conscience européenne.


[1] Le Triangle de Weimar a été créé en 1991, à l’initiative du ministre allemand des affaires étrangères avec ses homologues français et polonais, afin de développer une vision commune de l’Europe et de rapprocher les sociétés des trois pays.

Il a d’abord été l’enceinte privilégiée d’appui à la réconciliation germano- polonaise inspirée de l’expérience franco-allemande. Après l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne en 2004, le format a évolué vers celui d’une enceinte de concertation et de coopération en amont des négociations européennes.

[2] Le RYCO est un mécanisme institutionnel créé en 2016 par les six pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Monténégro, Macédoine du Nord et Serbie) pour promouvoir la réconciliation et la coopération entre les jeunes de la région à travers des programmes d’échanges.

[3] Présence de trois points info OFAJ en LIMOUSIN : Maison de l’Europe en Limousin, Info-Jeunes Nouvelle- Aquitaine – site de Limoges, Association des Communes Jumelées de Nouvelle-Aquitaine (ACJNA) et de trois jeunes ambassadeurs OFAJ pour la Nouvelle-Aquitaine.

[4] Les soutiens accordés par l’OFAJ et Erasmus+ sont cumulables et complémentaires, notamment dans le domaine professionnel, dans celui de l’apprentissage et dans le cadre scolaire.