L’Union européenne face aux catastrophes naturelles

@ European Union, 2024

La solidarité, une des bases de la construction européenne, se manifeste en cas de catastrophe naturelle : phénomènes climatiques extrêmes (inondations, sécheresses et incendies, séismes), épidémies.
Pour les pays touchés, européens ou non, l’action de l’Union européenne (UE) consiste dans l’envoi de matériel ou d’argent : un dispositif permet ainsi de coordonner une réponse d’urgence ; une politique nécessaire, mais jugée insuffisante par certains.

Les interventions de secours organisées par l’UE se sont multipliées ces dernières années, pas seulement sur le continent européen :

  • 2014 : en Afrique de l’Ouest touchée par l’épidémie de virus Ebola, apport d’une aide alimentaire, de matériel médical, d’hôpitaux de campagne ;
  • 2019 : en Europe, face à la pandémie de Covid 19 ;
  • août 2020 : à Beyrouth, à la suite des explosions dans le port ;
  • le 6 février 2023, dans le sud de la Turquie et dans le nord de la Syrie, deux séismes (magnitude de 7,8), provoquent plus de 50 000 morts, des centaines de milliers de blessés et de sans abri ; l’UE mobilise 25 équipes de recherche et de sauvetage (1 185 secouristes), 79 chiens de recherche ; une assistance humanitaire de 6,5 milliards d’euros pour Ankara et Damas est annoncée.

Depuis 2022, chaque année, l’UE participe à la lutte contre les feux de forêt et les inondations en Europe :

  • 2022 : incendies en Gironde ;
  • 2023 : inondations et feux de forêts à Chypre, en Grèce et en Slovénie ;
  • 2024 : inondations dans la région de Valence, en Espagne (200 morts) ;
  • 2025 : incendies au Portugal et en Espagne.

N’oublions pas que les interventions de l’UE ne se limitent pas aux catastrophes naturelles : après le début de la guerre en Ukraine, l’UE a fourni à ce pays 1 900 tonnes de matériel (vêtements, nourriture, hôpital mobile) ; une aide a été apportée à la Moldavie pour soutenir les populations réfugiées, fuyant les attaques russes.

Le mécanisme de protection civile (MEPC), créé en 2001, est activé en cas de catastrophe pour protéger les citoyens européens et étendre la solidarité de l’UE au-delà de ses frontières. En cas de besoin, la Commission européenne envoie une note aux pays participants pour savoir si une aide est possible. Les États répondent en utilisant le CECIS (Système de communication et d’information d’urgence). Le Centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC) fait l’inventaire des moyens disponibles, centralise et coordonne l’acheminement de l’aide.
Le MEPC est renforcé par des instruments complémentaires. La réserve européenne de protection civile, créée en 2013, fournit des équipes de secours, du matériel, du personnel médical. Depuis 2019, RescEU constitue une réserve de matériel supplémentaire ; son budget, 1,9 milliard d’euros pour 2020/2023, a été réévalué en mars 2024 de 600 millions d’euros pour l’achat de nouveaux avions de lutte contre les incendies.
L’UE, par le biais du Fonds européen de développement régional (FEDER), participe aussi à la reconstruction des infrastructures et à la réparation des services publics endommagés. Le Fonds social européen (FSE) soutient les efforts de reconstruction sociale.
Le Fonds de cohésion investit dans l’environnement et dans les transports des pays les moins riches de l’UE.
Enfin, Copernicus, le service de cartographie par satellite, permet de localiser les zones touchées par les catastrophes pour planifier les opérations et les secours adaptés.
Les Etats participants contribuent au financement de ces interventions, en complément de l’enveloppe financière inscrite au budget et dans le plan de relance de l’UE (3,3 milliards d’euros pour 2021/2027).
Depuis sa création en 2002, le Fonds de solidarité de l’UE (FSUE) a mobilisé plus de 8,6 milliards d’euros pour 130 catastrophes dans 24 États membres et quatre pays candidats à l’adhésion à l’UE (Albanie, Monténégro, Serbie, Turquie). Le règlement RESTORE, adopté le 18 décembre 2024, accélère le redéploiement des fonds européens en appui régional d’urgence pour la reconstruction ; il permet plus de souplesse dans l’utilisation des fonds de la politique de cohésion (FEDER et FSE) et complète le Fonds de solidarité de l’UE.
Grâce au règlement relatif au Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) les Etats membres peuvent réaffecter les fonds non utilisés pour la période 2014/2020 en modifiant leurs programmes : une aide d’urgence est ainsi fournie aux agriculteurs, aux exploitants forestiers et aux petites et moyennes entreprises de ces secteurs, touchés par des catastrophes liées au climat, survenues depuis le 1er janvier 2024. Cette aide peut être financée en totalité par des fonds inutilisés issus du FEADER 2014/2020, sous la forme de sommes forfaitaires pouvant aller jusqu’à 42 OOO euros par bénéficiaire.

Ces politiques européennes, nécessaires, sont jugées insuffisantes par certains.
Le Parlement européen, lui-même, souligne la nécessité d’améliorer le Fonds de solidarité de l’UE, afin de l’adapter aux menaces. L’UE a parfois pris du retard pour anticiper et répondre efficacement ; elle serait divisée face à l’urgence, avec des réponses politiques variant d’un État à l’autre. Son action semble cantonnée aux réactions face aux risques naturels et non à la prévention de ces risques. Pour certains, une meilleure coordination entre les États dans la prévention et la gestion des crises, l’adaptation des infrastructures des régions les plus exposées, permettraient de renforcer la coopération européenne.
Le budget européen de la période 2024/2028 prévoit de nouveaux partenariats nationaux et régionaux pour s’adapter aux besoins locaux. Le Fonds européen pour la compétitivité assurera le développement des capacités industrielles en finançant les technologies de pointe. L’instrument « l’Europe dans le monde » soutiendra les pays partenaires pour prévenir la propagation des crises.

L’UE a pris conscience de ces difficultés. Le 9 juillet 2025, afin de mieux répondre aux guerres, aux épidémies et aux catastrophes naturelles, un plan a été élaboré avec un budget et des outils plus rapides, plus efficaces et plus souples pour répondre aux crises à venir, tout en améliorant la coordination entre les États membres.