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Le 9 septembre dernier Mario Draghi[1] présentait devant la Commission européenne ses recommandations pour la compétitivité en Europe : un rapport très attendu de plus de 400 pages qui avance 170 propositions contre le décrochage économique de l’Europe face aux Etats-Unis et à la Chine[2].
Le constat d’une Europe essoufflée sur le plan économique n’est pas nouveau. Mais l’avenir apparaît aujourd’hui plus menaçant encore. L’écart de PIB entre l’Union européenne et les Etats-Unis n’a pas cessé de se creuser, passant de 17 % en 2002 à 30 % en 2023 et si l’Union européenne reste la deuxième économie du monde, elle est de plus en plus concurrencée au niveau mondial et se trouve en situation d’être dépassée par la Chine.
Le rapport DRAGHI pointe à cet égard trois grands maux pesant sur le développement économique de l’Europe :
- un manque de précision dans les priorités à fixer et les actions à conduire en commun,
- une dilution des capacités d’interventions publiques dans une multitude d’instruments tant au niveau des Etats que de l’Union,
- un manque de coordination dans les domaines stratégiques et des retards importants dans certains d’entre eux comme par exemple celui de l’innovation.
S’agissant des propositions, le rapport souligne l’importance d’agir autour de trois axes jugés cruciaux :
- combler le fossé avec les Etats-Unis et la Chine en matière d’innovation, notamment dans le secteur des hautes technologies,
- élaborer un plan d’ensemble commun pour lier décarbonation et compétitivité,
- renforcer la sécurité de L’Europe et réduire sa dépendance économique vis-à-vis des puissances étrangères.
Il affirme pour ce faire la nécessité d’un investissement massif de 750 à 800 milliards supplémentaires par an et celle d’un nouvel emprunt commun pour la réalisation de projets d’investissement stratégiques.
Mais le rapport met aussi en avant le besoin d’un réel allègement de la charge réglementaire et prône une véritable réforme de la gouvernance de l’Union. En ligne de mire une application adaptée du principe de subsidiarité et l’extension des domaines de vote à la majorité qualifiée.
[1] Président de la Banque centrale européenne de 2011 à 2019 – Premier ministre italien de 2021 à 2022 – Conseiller spécial de la Présidente de la Commission européenne qui lui a commandé le rapport en 2023.
[2] Rapport à retrouver sur le site de la Commission européenne