Retour sur le dispositif de volontariat du CORPS EUROPÉEN DE SOLIDARITÉ en LIMOUSIN

Depuis l’automne 2022 deux jeunes nouvelles volontaires du Corps européen de solidarité (CES) sont accueillies dans des structures de Haute-Vienne. L’occasion de revenir sur ce dispositif de mobilité des jeunes qui reste encore peu développé dans les 3 départements limousins.

Patricia et Raquel sont toutes les deux espagnoles mais c’est un hasard. L’une est originaire de Séville, l’autre de Palencia. La première a 20 ans et vient de terminer ses études secondaires en Angleterre. La seconde, titulaire d’une licence en publicité et relations publiques, a 23 ans.

Pour toutes les deux aussi, cette expérience s’inscrit dans l’année de césure qu’elles ont décidé de réaliser pour réfléchir à la suite de leurs études, tout en restant actives et impliquées dans un projet de mobilité.

Patricia accomplit un volontariat de 8 mois au sein de l’association des Communes Jumelées de Nouvelle-Aquitaine (ACJNA). Sa mission : promouvoir la mobilité des jeunes dans le cadre des jumelages pour en renforcer la dynamique et assurer une meilleure implication des jeunes au sein des jumelages de la région. L’opportunité pour elle d’apprendre une nouvelle langue et de faire partager son goût pour les expériences interculturelles.

Raquel a intégré pour 10 mois l’équipe d’Info Jeunes Nouvelle-Aquitaine à Limoges en charge des questions de mobilité internationale avec l’objectif de vivre une expérience pratique en lien avec ses études et sa connaissance du milieu des associations de jeunesse en Espagne mais aussi de parfaire son français et de témoigner de sa mobilité en France.

L’organisation et le fonctionnement matériel de leur séjour ont été pris en charge par leur structure d’accueil grâce au subventionnement du CES. L’une vit en colocation, l’autre dans une des résidences universitaires du CROUS de Limoges.

De leurs premières impressions ressort l’intérêt de se frotter à la réalité d’une expérience de vie à l’étranger, de rompre avec ses habitudes, d’avoir l’opportunité de développer de nouvelles compétences, de se confronter à d’autres façons d’être et de faire, de devenir multilingue et de découvrir la France au quotidien. Mais il y a aussi l’appui de leurs tutrices et des conditions d’installation qui ont été facilitées dès leur arrivée.

© ACJNA

Alors que l’ambition de la Commission européenne pour la période 2021-2027 est d’en faire bénéficier de façon très inclusive toute une génération, avec 10 millions de jeunes supplémentaires et un budget porté à 1 milliard d’euros, un nouvel éclairage s’impose sur le cadre général de ce dispositif crée en 2018 à la suite du service volontaire européen.

Le CES offre la possibilité à des jeunes ressortissants européens de s’impliquer dans des actions de solidarité, soit sur des missions individuelles (majoritairement de 2 mois à 1 an) soit sur des missions de groupe plus courtes (2 semaines à 2 mois) dans un pays de l’UE ou un de ses pays partenaires.

Sont concernés les 18-30 ans, quels que soient leur statut, leur niveau d’étude, de formation ou de langue. Le dispositif vise à ce titre tous les publics. Ainsi, pour permettre à des jeunes ayant moins d’opportunité de s’inscrire dans des expériences de mobilité, des missions courtes de 2 semaines à 2 mois sont possibles.

Les missions de solidarité proposées sont entendues dans un sens très large : action humanitaire, santé, solidarité, action sociale, éducation, animation, sport, développement culturel, humanitaire, nature, environnement, citoyenneté, participation…

Elles peuvent être portées par des associations, des ONG, des collectivités locales, des établissements ou organismes publics ainsi que des entreprises de l’économie sociale et solidaire, partenaires du dispositif.

Depuis la mise en place de leur projet jusqu’à la fin de leur mission les volontaires bénéficient d’un accompagnement global : préparation de leur départ avec une structure d’envoi dans leur pays d’origine, organisation de leur arrivée par la structure d’accueil, cycle de formation et d’évaluation (dont des séminaires d’arrivée et de mi-parcours avec d’autres volontaires européens), cours de langue en ligne, appui d’un tuteur sur toute la durée de la mission, maintien d’un suivi par la structure d’envoi en coordination avec la structure d’accueil.

Sur le plan matériel les volontaires bénéficient de la prise en charge de l’ensemble de leurs transports, logement et nourriture, ainsi que d’une dotation mensuelle d’argent de poche. Une assurance en responsabilité civile et rapatriement, ainsi qu’une assurance complémentaire santé complètent le dispositif.

Leur engagement se traduit par un contrat signé avec leur structure d’accueil.

Les volontaires sont également appuyés par leur structure de soutien et/ou d’accueil dans la valorisation de leurs acquis d’apprentissage par la délivrance d’un certificat de compétences : le « Youthpass ». Au retour de la mission, leur accompagnement se poursuit au travers d’un temps de bilan avec la structure de soutien dans leur pays d’origine.

© IJ Limoges

Les structures partenaires doivent de leur côté être labellisées par l’Agence nationale de leur pays en charge du CES. Il leur faut alors obtenir :

  • le « label LEAD » (si elles souhaitent obtenir une subvention et coordonner un projet CES),
  • et/ou le label «  accueil » (pour être structures d’accueil de volontaires),
  • et/ou le label « envoi » (pour être accréditées structures d’envoi).

C’est la première démarche à entreprendre en parallèle avec la désignation en interne d’un tuteur ou tutrice. Ce label certifie leur capacité à mener des activités de volontariat en lien avec les objectifs du Corps européen de solidarité. C’est une garantie de qualité et sécurité.

Pour bénéficier d’une subvention et coordonner un projet CES, la structure titulaire du label LEAD se devra ensuite de répondre aux appels à projet annuels (en général février). Ceci permettra de financer les missions des volontaires CES.

Les étapes de labellisation et de définition de projet nécessitent un véritable investissement des structures. Pour ce faire, elles sont épaulées dans leurs démarches par les services de l’État (DRAJES) et l’Agence du Service Civique, en charge en France des programmes Erasmus+ (volet Jeunesse et Sport) et Corps européen de solidarité.

La labellisation et le financement CES permettent aux structures d’accueil de publier leurs offres et d’accéder aux candidatures des jeunes déposées sur le portail dédié du CES.

Le tutorat est par ailleurs un élément clé de la réussite des activités de volontariat. Il doit être envisagé comme une véritable mission. Des formations sont donc organisées par l’Agence à destination des structures, ainsi que des rassemblements annuels au niveau national.

Si pour les jeunes le volontariat du CES est porté par un certain nombre d’idées-forces telles que l’engagement, la confrontation avec des logiques interculturelles, le renforcement des apprentissages et de l’autonomie, la découverte de nouveaux horizons et de nouvelles amitiés, le développement des connaissances linguistiques et des compétences, qu’en est-il pour les structures d’accueil ? Quels enjeux, quels bénéfices peuvent-elles tirer d’un engagement dans ce dispositif ?

La durée des missions (jusqu’à 12 mois) sur la base d’un temps plein (30 à 38 heures) permet de donner un vrai rôle d’appui au jeune accueilli et de développer de nouvelles actions même si le volontaire n’est pas assimilable à un salarié. C’est en général plus avec un œil neuf, des idées différentes et une forte motivation qu’avec d’éventuels diplômes, que ce dernier peut apporter un plus à sa structure d’accueil.

De fait, la présence d’un volontaire, c’est la possibilité de favoriser des approches multiculturelles, permettre une ouverture d’esprit dans les équipes, faire évoluer certains a priori et tirer parti de visions ou de compétences nouvelles, dans un processus d’enrichissement réciproque. C’est également contribuer au renforcement d’une Europe toujours en mouvement, en porter les valeurs d’intégration et de solidarité, et créer des dynamiques internes permettant l’ouverture à d’autres programmes européens.

Info Jeunes Nouvelle-Aquitaine (ex-CRIJ) à Limoges et l’ACJNA en témoignent : l’accueil d’un volontaire du CES représente un vrai défi avec l’anticipation, l’investissement, la disponibilité, l’adaptation, la réactivité qu’il nécessite tant sur le plan de sa préparation que dans son fonctionnement au quotidien … Sans oublier la nécessité d’avoir de bonnes bases en anglais.

Mais les structures de Nouvelle-Aquitaine peuvent compter sur tout un travail d’échange et de suivi au plus près de leurs préoccupations grâce à la DRAJES Nouvelle-Aquitaine et/ou à l’Agence nationale : rencontres en ligne une fois par mois, ateliers en visioconférence, groupe de travail sur le volontariat international qui se réunit 3 fois par an.

De plus, les structures actives dans le dispositif du CES se soutiennent mutuellement au travers du partage direct de bonnes pratiques et d’expériences (contacts par mail ou téléphone, groupes WhatsApp, etc.). Il s’agit bien, chacun à son niveau, de faire vivre l’idée européenne tout en se frottant à la plus-value et au renouvellement apportés par les regards différents des jeunes accueillis. Et puis, parole de terrain : « le CES est un des meilleurs programmes en termes de prise en charge des jeunes ».


Pour aller plus loin :

À noter :

  • Info Jeunes Nouvelle-Aquitaine (ex-CRIJ) à Limoges est labellisé structure d’envoi pour l’accompagnement des jeunes français dans leur projet de volontariat.
  • Info Jeunes Nouvelle-Aquitaine et l’ACJNA ont accueilli 8 jeunes (dont 3 pour Info Jeunes) depuis 2020 et ont le label LEAD. Ils sont prêts à témoigner de leur expérience et apporter des conseils aux nouvelles structures qui voudraient se lancer.
  • Trois autres structures du Limousin sont actuellement labellisées pour l’envoi ou l’accueil CES (deux en Haute-Vienne et une en Creuse).

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