Route de Cyrille et Méthode

© Eglise orthodoxe Saint Sava de Belgrade – Nikolai Karaneschev via Wikimedia Commons

Depuis 1987, le Conseil de l’Europe propose des itinéraires culturels ; en 2021, cinq nouveaux itinéraires ont été certifiés, dont celui de Cyrille et Méthode, ce qui porte à 45 le nombre actuel d’itinéraires.

Respect des valeurs

Comme tous les autres itinéraires, la Route de Cyrille et Méthode respecte les valeurs du Conseil de l’Europe ; elle vise à sensibiliser les voyageurs au patrimoine européen commun par le biais d’un réseau coordonné de nombreux partenaires d’une vingtaine d’Etats. Cet itinéraire constitue aussi une plate-forme pour le dialogue interculturel, le respect mutuel, la cohésion sociale et la compréhension par la culture, le tourisme et les arts. En même temps, il promeut les valeurs européennes, en particulier la démocratie, les droits de l’homme et le droit d’accès à la culture pour tous.

Cyrille et Méthode

Peu connus en France, Cyrille ou Constantin le philosophe (827-869) et Méthode (815-885), originaires de Thessalonique, en Grèce, sont deux frères, inséparables depuis leur enfance ; leur amitié fraternelle est devenue une vocation commune ; ensemble ils ont évangélisé les peuples slaves[1] de l’Europe centrale ; ils sont les symboles du dialogue culturel entre le christianisme oriental et occidental. Ils ont aussi joué un rôle principal dans le développement de la culture dans les pays slaves ; ils ont indirectement influencé la formation et l’organisation des premiers pays européens médiévaux, en étant les symboles des valeurs fondamentales de la civilisation européenne telles que l’éducation, le christianisme, le dialogue entre les religions, les cultures et les nations ; leur message véhicule la sagesse de la langue, l’ordre de la loi et le respect d’autrui.

Cyrille et Méthode ont accompli une œuvre d’une portée mondiale en arrachant aux ténèbres la vieille langue des Slaves et en élevant cet idiome méprisé à la dignité d’une langue écrite. Dans les destinées de leur œuvre, un rôle capital fut joué par la Bulgarie, qui la sauva du naufrage en accueillant les disciples persécutés de Cyrille et de Méthode et en donnant le jour à une abondante littérature religieuse, première littérature nationale d’expression slave. En 1980, leur œuvre est reconnue si brillante que le pape Jean-Paul II proclame les deux frères comme co-patrons de l’Europe[2].

L’alphabet cyrillique est créé vers la fin du IX° siècle dans l’Empire bulgare de l’époque par des disciples de Cyrille ou par Clément d’Ohrid, premier évêque de l’Eglise orthodoxe bulgare. Depuis l’entrée de la Bulgarie dans l’Union européenne le 1er janvier 2007, le cyrillique est devenu le troisième alphabet officiel après le latin et le grec.

L’itinéraire culturel

Cet itinéraire propose un ensemble de sentiers sur les traces des missionnaires chrétiens et de leurs disciples, les Sept Saints Apôtres ; il emmène les voyageurs le long de sites patrimoniaux, d’institutions culturelles et d’autres lieux touristiques, reliant les pays d’Europe centrale, orientale et méridionale.

Les pays traversés par cet itinéraire ont redoublé d’imagination pour faire connaître des régions parfois peu visitées, comme la Moravie, en République tchèque, pourtant excellente région viticole et véritable racine de la culture slave. A l’Ouest de la Slovaquie, l’itinéraire permet aussi de découvrir des trésors culturels comme des sites fortifiés et des châteaux médiévaux, des richesses naturelles et gastronomiques d’endroits réputés pour la qualité de l’accueil.

Un deuxième trajet mène vers le Sud-Est (Hongrie, Bulgarie, Serbie, Roumanie, Macédoine du Nord, Monténégro, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Turquie, Grèce et Ukraine), ce qui symbolise la poursuite de l’héritage des maîtres par leurs disciples.

La troisième route mène au Sud-Ouest (Autriche, Bavière, Slovénie et Italie) et symbolise leur voyage vers Rome où ils ont cherché à faire reconnaître la liturgie chrétienne en vieux slavon.

Une quatrième branche de l’itinéraire mène à la Petite Pologne et à la Silésie orientale, où les enseignements et la liturgie de Cyrille et Méthode ont également été diffusés.

Sources :


[1] Les peuples slaves, dont le nom n’est mentionné pour la première fois qu’en 500 après J.-C., ont constitué au cours du Moyen Âge de puissants États tels la principauté de Grande-Moravie, la Russie kiévienne, le royaume de Pologne, le grand-duché de Lituanie, le royaume de Serbie.

[2] Les co-patrons de l’Europe sont aujourd’hui au nombre de six : saint Benoît, proclamé patron de l’Europe par Paul VI en 1964, saints Cyrille et Méthode proclamés co-patrons en 1980 par Jean-Paul II et trois saintes proclamées co-patronnes de l’Europe en 1999 par Jean-Paul II : sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein). En s’appuyant sur l’exemple de ces saintes et saints, les chrétiens européens s’efforceraient de construire un monde plus juste et plus digne.

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