Une Nuit européenne des musées bien particulière !

La Nuit européenne des musées est une manifestation annuelle qui consiste en l’ouverture exceptionnelle, simultanée et le plus souvent gratuite, de quelques milliers de musées implantés sur le sol européen durant une soirée, avec prolongement parfois une partie de la nuit. En France, elle est organisée par le Ministère de la Culture et les directions régionales des affaires culturelles et bénéficie du patronage de l’Unesco, du Conseil de l’Europe et du soutien de nombreux partenaires institutionnels et médias.
Ce type d’événement, qui avait eu des prémices en Allemagne dès 1997 et a été étendu en 2005 à 39 pays signataires de la convention culturelle du Conseil de l’Europe [1], a pour but d’inciter de nouveaux publics, notamment familial et jeune, à pousser les portes des musées. C’est effectivement l’occasion pour beaucoup d’Européens de découvrir des lieux culturels de manière insolite, le temps d’une nuit. Et de fait, en 2019, plus de deux millions de Français avaient participé à l’évènement dans 1 300 musées répartis à travers le pays.
Malheureusement, en 2020, Covid oblige, les mesures de confinement décrétées dans la plupart des pays ont, bien sûr, empêché son déroulement dans les conditions habituelles.

Premier bouleversement, le changement de date : en effet, la manifestation qui est  habituellement fixée aux environs du 18 mai, au cœur du « Mois de l’Europe », et qui avait été initialement prévue le 16, en pleine période de confinement, a dû être reportée au samedi 14 novembre.
Second changement imposé par la situation sanitaire : en raison de l’obligation de fermeture au public qui leur a été assignée, les musées de France et d’Europe ont dû proposer cette année des formats inédits, en numérique.
Ainsi, dès la tombée de la nuit, les visiteurs « virtuels » ont pu parcourir de nombreux musées, que ce soient des musées parisiens (Muséum national d’Histoire naturelle, Centre Pompidou, Musée Carnavalet,  Musée Rodin etc.) ou des musées de province.
Le programme de l’édition de cette année était annoncé comme « ludique et surprenant ». Il l’a été effectivement, avec des rencontres, des conférences, des visites en ligne des coulisses ou des collections. Cela a été le cas par exemple de celles présentées sur le site  de la Cité de l’architecture ; au Louvre ce sont des expositions virtuelles qui étaient au programme ; à Colmar une visite du Retable d’Issenheim à la lueur de la lampe ; à Hauterive, dans la Drôme, c’est même une visite à la lumière des bougies du Palais Idéal du Facteur Cheval qui a été proposée… Cette édition a également été enrichie de podcasts, de web-séries ainsi que d’animations et d’ateliers auxquels les enfants ont pu participer sur les réseaux sociaux…

Les visiteurs virtuels ont pu s’ils le souhaitaient, dépasser les frontières nationales et naviguer dans toute l’Europe à bord de leur tablette ou de leur ordinateur. Des visites totalement hétéroclites : on a pu ainsi se rendre en un clic à Valence, en Espagne, où le Musée de la Préhistoire proposait une visite en ligne de l’exposition temporaire « Au temps des Wisigoths sur le territoire de Valence » ; ou bien à Palerme au Musée des Marionnettes pour y découvrir la plus grande collection de marionnettes siciliennes ; et même à Saint-Pétersbourg pour se promener virtuellement dans le Musée de l’Informatique et s’y passionner pour les ordinateurs retro des années 60 !

Une édition 2020 de la Nuit des Musées n’a pu satisfaire les habitués qui avaient plaisir, les autres années, à déambuler de nuit dans les salles et couloirs des musées. Mais pour d’autres, nombreux, les programmes que les musées ont dû improviser en ce mois de novembre, ont révélé des attraits insoupçonnés et devraient, de ce fait, inspirer la créativité du monde européen de la culture et du patrimoine pour les prochaines éditions.


[1] La Convention culturelle européenne a été adoptée le 19 décembre 1954 à Paris et est entrée en vigueur le 5 mai 1955 (n°18 de la série des Traités du Conseil de l’Europe).

Répondre