DSC_2562Martina, 27 ans, de nationalité italienne, a effectué un premier stage Eurodyssée de 7 mois puis un Service civique de 8 mois au sein de notre association La Maison de l’Europe en Limousin – Centre Europe Direct et est actuellement en Service volontaire européen au CRIJ Limousin.

Après l’obtention de mon Master 2 en Langues et Cultures Étrangères, j’ai décidé de partir à l’étranger ! Je ne voulais même pas essayer de chercher du travail chez moi à Perugia (centre de l’Italie) : « Il n’y a pas de boulot en Italie à l’heure actuelle », dirait-on à première vue. Non, ce n’était pas ça la raison ! Plus simplement, j’avais envie de voyager, de parler plusieurs langues (et pas seulement au travail), d’expérimenter de nouvelles réalités en me formant en même temps… je dirais pour résumer que je voulais connaitre le et du monde ! Fin avril 2013, je postule pour un stage Eurodyssée, bourse régionale permettant aux ressortissants européens d’accomplir des stages professionnels à l’étranger. Destination : la Maison de l’Europe en Limousin – Centre Europe Direct à Limoges. Limoges ? C’est où ça ? En France, d’accord, mais où précisément ? J’avoue qu’il m’a fallu une carte pour connaître la position exacte de la ville. Le choix du stage et de ses missions avait été prioritaire : l’Union européenne m’intéressait, je voulais retourner en France, c’est tout.

Je conseille de partir (surtout si c’est votre première expérience à l’étranger) dans le cadre d’un dispositif où les structures d’envoi et d’accueil peuvent assurer un suivi individuel, notamment en termes de renseignements, de logement et de démarches administratives. Dans mon cas, il s’agissait du CRIJ, correspondant Eurodyssée de la Région Limousin, lequel a géré ma candidature et a fait l’intermédiaire entre moi et la Maison de l’Europe. De plus, ils m’ont aidée dans ma recherche de logement et m’ont accompagnée pour l’ouverture d’un compte bancaire et du dossier CAF (j’avais droit aux aides d’allocation familiale en tant que stagiaire) ; ils m’ont même intégrée dans la réalité « internationale » de la ville de Limoges. Parce qu’à Limoges, on rencontre le monde entier : des espagnols (beaucoup en effet !), des chinois, des allemands, des géorgiens, des portugais, des japonais, des belges, des roumains, des écossais, des serbes, des grecs, des russes, des canadiens, des africains, des argentins… et de temps en temps, quelques français aussi !

De septembre 2013 jusqu’à mars 2014, j’ai habité chez mes propriétaires et c’est là que j’ai connu mes premiers amis étrangers : Wanshu, Xi, Niclette, Anca, Catarina, Fabrizio et Emilio. On était tout le temps ensemble, toute occasion était bonne pour boire un verre ou goûter de nouveaux plats (la cuisine de Wanshu était un vrai laboratoire !). On pouvait regarder un film ou papoter de tout et de rien pendant des heures, on sortait ou on invitait du monde dès qu’on le pouvait. Une colocation un peu bizarre, différente des autres peut-être, mais je me suis sentie comme chez moi et j’ai trouvé en eux une nouvelle famille.

Le dispositif prévoyait une sortie culturelle par mois regroupant tous les stagiaires Eurodyssée étrangers accueillis dans le Limousin. Ces rencontres nous ont permis d’établir de vrais liens d’amitié qui durent encore aujourd’hui bien que certains aient bougé depuis. Sans oublier, bien sûr, le but principal de ce type de sorties, c’est-à-dire la découverte touristique et culturelle des beautés limousines. Si vous considérez que même mes propriétaires ont la belle et saine habitude de se balader de temps en temps dans la région avec un panier à piquenique toujours bien fourni, je dirais que le cadre est complet !

Il ne m’a donc pas été difficile de retourner, de rester, devrais-je dire, à Limoges. Septembre 2014-mai 2015, huit mois de Service civique m’ont permis de m’investir dans une mission d’intérêt général. Où ? Professionnellement parlant, j’avais décidé de continuer à m’engager au sein d’une structure promouvant les politiques communautaires et la Maison de l’Europe (re)présentait ma seconde possibilité. Le service civique a été l’occasion d’approfondir mon rôle d’animatrice et de promotrice de l’éducation européenne : dans le cadre de mes missions, j’étais principalement chargée de concevoir et de développer des ateliers ludiques ciblant un jeune public afin de l’initier à la citoyenneté européenne. De plus, j’ai cherché à développer le réseau régional de l’association en renouant le contact avec des Points information Europe déjà existants et en en installant de nouveaux. Un grand merci donc au centre Europe Direct en tant que structure officielle d’information : en y travaillant, j’ai compris que la construction d’une communauté naît d’abord de la conscience et de l’information des et pour les citoyens ; dans cette promotion, toute sorte d’aide est nécessaire, même le simple étiquetage de la documentation… chacun selon ses possibilités et capacités.

Il y doit avoir quelque chose de particulier dans l’air de Limoges car, que vous le croyez ou non, mon aventure limougeaude continue encore.

Une mobilité un peu « immobile », la mienne, j’avoue… mais faites-mois confiance, le mot « mobilité » peut vraiment se décliner de plusieurs façons, parmi lesquelles même un Service Volontaire Européen au CRIJ de Limoges. Service Volontaire Européen? C’est un dispositif mis en place par la Commission européenne (qui d’ailleurs couvre tous les frais liés à la mobilité) pour permettre aux jeunes, indépendamment de leur formation ou de leur préparation linguistique, d’œuvrer pour une structure à but non lucratif. Les secteurs et les destinations sont variés. Étant donné que je commence à avoir une certaine expérience en termes de mobilité, pourquoi pas ne pas la promouvoir et en profiter en même temps ?

Je l’admets, j’ai de la chance. Je crois avoir toujours été chanceuse lors de mes séjours à l’étranger en commençant par cet Erasmus à Montpellier qui m’a littéralement initiée à la #bougitude il y a 4 ans maintenant. Je me suis toujours retrouvée dans des conditions idéales favorisant au maximum mon intégration sociale, voire culturelle, dans les villes où j’ai habité ; j’ai toujours travaillé (et j’y travaille encore aujourd’hui) avec des équipes qui m’ont démontré à quel point le travail en groupe est productif, constructif, efficace et qui plus est, dans une ambiance tranquille et encourageante. J’ai rencontré des compagnons de voyage qui partagent avec moi l’envie et le désir de découvrir. J’ai été accueillie par une famille qui a pris soin de moi dans les moments les plus difficiles… car oui, malgré tous les aspects positifs de ces deux dernières années, les difficultés n’ont pas manqué. Difficultés personnelles mais également pratiques… les difficultés classiques que l’on rencontre inévitablement lors d’un séjour dans un pays étranger qui, même s’il est géographiquement et culturellement proche de l’Italie, a quand même un système administratif, social, sanitaire etc. différent du système italien. C’est la première fois que vous habitez tout seul et c’est à vous de vous débrouiller dans la vie quotidienne.

Ne soyez pas paresseux ni nostalgiques : le monde est tellement grand et peuplé de gens merveilleux qu’il faut absolument les connaître, mais il est petit en même temps, surtout quand on a des amis un peu partout. N’ayez pas peur si l’étranger vous remet en question et vous fait jouer avec des règles différentes de celles que vous avez toujours connues. Changez d’idée ! Confrontez-vous aux défis qui vous font le plus peur et prenez l’habitude de goûter toute sorte de plat avant de dire que vous n’aimez pas. Parlez au moins une langue étrangère… la langue, ça s’apprend, donnez-vous du temps… au pire, expérimentez l’art de parler avec les mains. Soyez ouvert et sans préjugés. Apprenez et posez des questions à chaque fois que vous ne comprenez pas, vous ne serez pas déçu de la réponse à condition de vous montrer gentil !

Le pire qui pourrait vous arriver ? Fêter votre anniversaire deux fois avec le double d’amis et recevoir par la même occasion le double de cadeaux. Apprendre à voyager en covoiturage et à être hébergé par un couchsurfer. Faire la fête dans un studio de 27m² avec 30 invités. Traverser le Canal du Midi avec une chinoise qui casse son VTT sans cesse et une belge qui n’arrête pas de manger alors que vous, vous ne voudriez que pédaler ! Retrouver un ami avec lequel vous n’aviez plus de contacts depuis 4 ans. Profiter du spectacle des montgolfières qui s’envolent de la vallée de l’Alzou vers Rocamadour au lever du soleil. Arriver à être proche de votre famille et de vos amis italiens malgré la distance géographique qui vous sépare. Regarder un film en persan et le considérer comme l’un des meilleurs jamais vus dans toute votre vie. Grimper le Pic du Midi (2200 m d’altitude) et vous sentir maître du monde tout là-haut, au moins l’espace d’un instant. Échanger avec un ami espagnol et un ami serbe devant un kebab à 4h00 du matin. Et ça, ce n’est que le début !