AOP : Appellation d’Origine Protégée

© MDE Limousin

Dès 1905, la France s’est engagée, seule, dans une démarche unique de valorisation et de certification de ses productions agricoles, donnant ainsi naissance à l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC).

En 1935, un décret-loi crée l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine), devenu depuis Institut National de la Qualité et de l’Origine.

Avec le label AOC, la France a tenu à valoriser les produits de haute qualité, soumis à un cahier des charges strict et contraignant ; son exemple a ainsi largement influencé la politique agricole de l’Union européenne. Quasiment tous les pays européens ont souhaité protéger leurs produits alimentaires, dès que leur renommée a dépassé la frontière nationale et que des contrefaçons ont vu le jour.

En juillet 1992, l’UE harmonise les systèmes de protection et de valorisation des produits agroalimentaires (sauf vins et eaux de vie) en place dans chaque pays européen[1], et crée l’AOP (Appellation d’Origine Protégée), l’IGP (Indication Géographique Protégée) et la STG (Spécialité Traditionnelle Garantie) ; un patrimoine gastronomique et culturel est ainsi mis en valeur, avec une reconnaissance équivalente entre pays.

La production, la transformation et l’élaboration d’un produit labellisé AOP doivent avoir lieu dans une aire géographique déterminée avec un savoir-faire spécifique, transmis de génération en génération, reconnu et constaté, avec des ingrédients de la zone concernée. Pour une IGP le cahier des charges est quasi identique mais les ingrédients ne proviennent pas nécessairement de l’aire géographique de la production. La STG, quant à elle, désigne des produits dont la composition ou les moyens de production présentent un caractère traditionnel sans avoir de lien particulier avec une aire géographique déterminée.

La Commission européenne réalise régulièrement des contrôles du respect de ses labels, allant jusqu’à les retirer en cas de manquement.

La réflexion fut parfois différente entre les pays du Sud et du Nord de l’Europe, les premiers revendiquant des goûts et des produits reliés à la culture et à l’identité d’un terroir, les seconds affirmant qu’il est possible d’élaborer un produit de manière industrielle à condition que la qualité et l’hygiène l’emportent sur le goût.

En 2008, pour rendre plus visible et plus lisible l’AOP, l’Union européenne élabore un nouveau logo de couleur rouge et jaune, toujours d’actualité, véritable signe de reconnaissance pour tout un continent.

A partir du 1er mai 2009, l’AOP se substitue au logo franco-français de l’AOC. Cette appellation est aussi étendue aux vins, cidres et eaux de vie. Le label rassure donc le consommateur national, européen et mondial ainsi que les producteurs dont la priorité est de maintenir des pratiques souvent ancestrales, de sauvegarder une qualité, une originalité, un terroir et des emplois dans des zones difficiles (la délocalisation est impossible avec les AOP). Les AOP les plus solides se sont efforcées de marier tradition et modernité, grâce à des progrès techniques et à des conditions de production plus respectueuses, notamment du développement durable.

En 2019, plus de 3300 produits alimentaires[2] et alcools[3] possèdent une appellation, ce qui garantit une authenticité européenne, assure d’une véritable propriété intellectuelle et une reconnaissance internationale, les produits labellisés représentant plus de 15 % des exportations agricoles de l’UE[4].

L’Italie possède 307 appellations, la France en recense 249, l’Espagne en compte 192 suivie du Portugal avec 138 et de la Grèce avec 107 ; l’Allemagne en possède 91.

Notre pays recense 45 fromages, 3 beurres, 2 crèmes, 22 fruits et légumes, 16 produits à base de viande, 7 variétés d’huiles d’olives, 435 appellations pour les vins et 53 pour les spiritueux.

Le 12 avril 2021 « l’UE a accordé une AOP au halloumi (ou hellim), fromage chypriote salé élaboré à partir d’un mélange de laits de chèvre, de brebis et de vache, autorisant pour la première fois les producteurs chypriotes turcs du Nord de l’île à vendre leur fromage sur le marché européen (…) et provoquant un nouveau sujet de tension [5]».

Au moment où le monde s’est replié sur lui, avec la pandémie de Covid-19, les labels européens rassurent le consommateur, apportent une véritable garantie de qualité et de transparence des produits, tout en respectant les producteurs et leurs savoir-faire.

Sources :


[1] L’Estonie et Malte n’ont pas à ce jour de produits labellisés.

[2] Depuis 1997, le Foin de la Crau (Bouches-du-Rhône) est le seul produit non alimentaire à posséder une AOC et d’une AOP en 2015 ; exporté dans de nombreux pays, il nourrit les petits rongeurs domestiques mais surtout les chevaux de course pur-sang.

[3] D’après la presse croate, « face au changement climatique, l’UE réfléchit à faire produire des vins sans ou à faible teneur en alcool, ce qui fait fortement réagir certains vignerons » in Croatie, ne touchez pas à mon vin, Courrier international n° 1597 du 10 au 16 juin 2021.

[4] Dans le cadre des accords commerciaux avec le Canada et le Japon, plusieurs centaines de labels sont reconnus.

[5] Chypre, la délicate diplomatie du « halloumi », Courrier international n° 1591 du 29 avril au 5 mai 2021.

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