De retour de Berlin

Un séjour d’étude de la Maison de l’Europe en Limousin du 7 au 11 juin 2023

Les séjours d’étude constituent des temps particulièrement forts pour la Maison de l’Europe en Limousin. Plutôt exceptionnels, tant ils requièrent de travail de préparation et nécessitent de la part des participants un engagement financier important, ces séjours sont des moments riches de convivialité et de découverte mais aussi des occasions de vivre concrètement l’Europe, de plonger réellement dans son histoire et sa culture. Chaque site, ville ou pays visité – cela a été Bruxelles il y a quelques années, Strasbourg plus récemment, et aujourd’hui Berlin – est en effet une des pièces du vaste puzzle européen et la possibilité d’y séjourner, d’y déambuler, de tenter quelques mots dans la langue locale, nous permet de mieux appréhender cette diversité européenne qui constitue une des richesses évidentes de sa construction commune. Ces séjours sont aussi, pour les europhiles que nous sommes, un moyen d’appréhender au plus près les instances communautaires et les lieux de la politique européenne ou ceux de l’un de ses Etats membres.

Le séjour à Berlin était au programme de l’année 2020, année des 30 ans de la réunification allemande, événement majeur de l’histoire de ce pays voisin avec lequel nous avons eu, par le passé, bien des confrontations. Malheureusement, chacun sait que la situation sanitaire d’alors ne nous a pas permis de nous y rendre, pas plus que l’année suivante. C’est donc, avec trois ans de retard, mais sans renoncer le moins du monde à l’intérêt que notre association portait à ce projet, que celui-ci a pu aboutir en ce mois de juin 2023.

Ce sont ainsi une vingtaine de membres et amis de la Maison de l’Europe qui ont pris, ce 7 juin 2023, le train en gare de Limoges puis l’avion à l’aéroport Charles de Gaulle pour passer trois journées denses et pleines dans la capitale allemande.

Au programme, la visite guidée d’une ville dont l’importance, tant dans l’histoire européenne et mondiale de ces derniers siècles que dans l’actualité politique européenne, n’est plus à démontrer. Même si les vestiges les plus anciens du passé berlinois ne sont pas parvenus jusqu’à nous, du fait, bien évidemment, des destructions causées par la dernière guerre mondiale mais aussi des choix urbanistiques, qui, ici comme ailleurs, en ont effacé de nombreux, (Berlin n’est pas, pour ces raisons, une « ville-musée » comme peuvent l’être Venise, Paris, Bruges ou Prague), l’Histoire est très présente à Berlin. Une histoire récente douloureuse que plusieurs « lieux de mémoire » ont pour mission d’évoquer : l’émouvant Mémorial aux Juifs assassinés et celui aux députés déportés renvoient, bien sûr, au passé nazi de l’Allemagne ;  d’autres sont des vestiges de l’étouffant Berlin-Est communiste. « Le mur » en est évidemment le symbole le plus prégnant : on a beau en avoir vu d’innombrables images, les restes d’un peu plus d’un kilomètre qui ont été conservés près des rives de la Spree et que des artistes contemporains ont été invités à investir en demeurent un témoignage poignant, comme le sont aussi ces « Croix blanches » dressées pour rendre hommage aux « victimes du mur » ou encore les délimitations de ce dernier figurées par des rangées de piquets qui parcourent le centre-ville. Il est difficile, effectivement, de s’imaginer, trente-trois années après, une ville écartelée entre deux mondes, dont l’un, le Berlin-Est de l’ancienne RDA, marqué dans notre imaginaire par le caractère terriblement oppressif du régime prosoviétique mais dont on ne perçoit que très rarement les traces tant les rénovations entreprises depuis la chute du mur ont comme lissé un paysage urbain aujourd’hui sans aspérités.

Le Berlin actuel est cependant un ensemble très composite : les monuments historiques anciens qui ont été conservés, au premier rang desquels quelques églises gothiques, voisinent avec des réalisations architecturales du XIXème siècle, comme la « mairie rouge », le Reichstag, la fameuse Porte de Brandebourg ou la Colonne de la Victoire, ou du XXème siècle : la nouvelle église du Souvenir, la filiforme Tour de Télévision ou l’Horloge Universelle de l’Alexanderplatz… D’autres encore ont été érigées au tournant du XXIème siècle et abritent aujourd’hui la nouvelle Philharmonie ou les imposants sièges de Sony ou de Daimler-Benz, sans parler de l’étonnant dôme transparent qui coiffe désormais le Reichstag. Un Berlin actuel particulièrement étendu et dont une des caractéristiques majeures est la présence permanente, même en cœur de ville, d’une nature préservée dont le vaste parc du Tiergarten n’est pas le moindre témoin et que le biotope qui suit les rails du tramway urbain fait pénétrer aux quatre coins de l’agglomération.

La nature, nous l’avons aussi retrouvée à une heure de route de Berlin, sous une forme plus traditionnelle, lors de la visite du Château de Sanssouci à Potsdam, résidence d’été du souverain de Prusse Frédéric II, et de son immense parc arboré.

La dimension politique et européenne était, bien entendu, également au menu de ce séjour d’étude. Si les institutions de l’Union ne sont pas officiellement sises à Berlin (les nombreux drapeaux européens et les devantures de la Représentation de l’Union européenne sur la belle avenue Unter den Linden en sont toutefois une évocation affirmée), c’est à l’Ambassade de France que les membres de la Maison de l’Europe en Limousin ont été accueillis par M. Lorris Mazaud, conseiller politique chargé des relations avec les autorités allemandes. Après une présentation axée essentiellement sur les défis que doit aujourd’hui relever la politique européenne, il a répondu aux questions de l’assistance portant notamment sur la relation privilégiée entre nos deux pays, sur les conséquences de la guerre en Ukraine et sur la situation politique en l’Allemagne.

De politique, mais exclusivement allemande cette fois, il en a été question aussi lors de la visite du bâtiment du Reichstag qui abrite l’hémicycle de l’assemblée des députés allemands, le Bundestag.

Séjour d’étude et de découverte, le voyage à Berlin laissera, pour la Maison de l’Europe et ceux de ses adhérents qui s’y étaient inscrits, le souvenir d’un moment fort et marquant de leur engagement européen. Un voyage, en quelque sorte, dans l’histoire et le présent de l’Europe.

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