La jeunesse au cœur du rapprochement franco-allemand… Ça marche !

© Site de la coopération franco-allemande

La coopération franco-allemande au niveau des Etats est intense. Elle s’appuie largement sur les liens tissés par les jeunesses française et allemande.

La jeunesse est au cœur du rapprochement franco-allemand. C’est à la jeunesse allemande que de Gaulle déclare le 9 septembre 1962 à Ludwigsburg dans le Land de Bade-Wurtemberg : « Je vous félicite d’être de jeunes Allemands, c’est-à-dire les enfants d’un grand peuple ».  Convaincus que la jeunesse a « un rôle déterminant dans la consolidation de l’amitié franco-allemande », le président de la République française et le chancelier allemand inscrivent dans le traité d’amitié franco-allemand de janvier 1963 que « Toutes les possibilités seront offertes aux jeunes des deux pays pour resserrer les liens qui les unissent et pour renforcer leur coopération mutuelle. Les échanges collectifs seront en particulier multipliés ».

Six mois plus tard, le 5 juillet 1963, est créé l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ). L’OFAJ, organisation internationale au service de la coopération franco-allemande, poursuit plusieurs objectifs : susciter l’intérêt et la curiosité pour l’autre pays, favoriser et soutenir l’apprentissage interculturel, la formation professionnelle et l’engagement des jeunes, contribuer à la prise de conscience d’une responsabilité politique commune de la France et de l’Allemagne envers l’Europe et promouvoir l’apprentissage de la langue du partenaire. Depuis 1963, l’OFAJ a organisé la rencontre de près de 9,5 millions de jeunes de 3 à 30 ans dans le cadre de 382 000 programmes d’échanges. Outre des cours de langue, l’OFAJ propose des apprentissages linguistiques en immersion, des ateliers de traduction littéraire, une formation franco-allemande à l’animation linguistique, des rencontres et voyages scolaires. L’Office travaille avec plus de 7 000 partenaires et subventionne en moyenne chaque année plus de 8 000 échanges, dont 3 000 individuels. Il organise deux temps forts dans l’année : le 22 janvier, la « Journée franco-allemande » et « la Journée découverte » pour les élèves de la 7e à la 10e classe en Allemagne et du CM2 à la Seconde en France au cours de laquelle ils visitent une entreprise du pays partenaire installé dans leur région. A Limoges, il y a trois points information OFAJ : Info-jeunes Limoges, l’Association des communes jumelées de Nouvelle-Aquitaine (ACJNA) et la Maison de l’Europe en Limousin.

S’agissant de l’éducation formelle, les deux pays développent une ambition commune de l’université à la maternelle.

Dans le domaine universitaire, cela passe par l’université franco-allemande avec ses 170 établissements qui délivrent près de 140 diplômes binationaux et gère près de 2 400 coopérations franco-allemandes.

Dans l’enseignement secondaire plusieurs dispositifs spécifiques existent : depuis 1987, grâce à des sections bilingues à profil franco-allemand, des établissements préparent l’abibac (bac et abitur) : ce sont 92 lycées français dont 5 établis en Allemagne et 83 établissements allemands dont 2 implantés en France ; trois lycées franco-allemands délivrent pour des élèves français et allemands du CM2 à la terminale, le bac franco-allemand[1].

Au collège, dès la 6e les élèves peuvent opter pour une classe bilangue anglais (4 h) /allemand (2h) semaine. Mais à l’école primaire, l’apprentissage de l’allemand obéit au même régime que toute autre langue vivante étrangère : 1h30 par semaine.

Depuis 2013, s’est mis en place, un réseau franco-allemand de maternelles bilingues : 275 en France et 197 kitas (jardins d’enfants) en Allemagne.

Pourtant, depuis plusieurs années, ces dispositifs souffrent d’une désaffection marquée pour l’apprentissage de la langue de l’autre : le pourcentage d’élèves français apprenant l’allemand, LV1 et LV2 confondues, est passé sous la barre des 15 %. En 1994, près de 600 000 élèves avaient choisi l’allemand comme LVI, contre 147 000 en 2021. Tout en restant la deuxième langue étrangère étudiée en Allemagne, le français régresse avec un taux d’apprentissage à peine supérieur à 15 %.

S’agissant de la citoyenneté, le rapprochement pour la paix et pour la réconciliation se construit très tôt par la rencontre et le dialogue dans le cadre de partenariats dont le jumelage entre villes et communes est la modalité la plus fréquente. Les jeunes sont souvent partie prenante d’activités communes sportives culturelles, musicales… Le premier jumelage franco-allemand date de 1950 et concerne Ludwigsburg (Land Bade-Wurtemberg) et Montbéliard (Doubs) dont le maire de l’époque est un rescapé du camp de Buchenwald. Mais c’est dans les années 1960 avec la construction du marché commun que la courbe des jumelages franco-allemands décolle vraiment. Depuis près de 2 300 partenariats entre collectivités territoriales françaises et allemandes ont vu le jour. Pour la France, cela représente le 1/3 du total des jumelages du pays. Dans notre région, sur la cinquantaine de jumelages franco-allemands adhérents de l’ACJNA, plus des trois quarts sont limousins. Il est vrai qu’existe depuis 1981 un jumelage régional franco-allemand entre le Bezirk de Moyenne-Franconie et l’ex région Limousin et, depuis 1992, la ville de Limoges est jumelée avec la ville bavaroise de Fürth. Pour « encourager et soutenir les initiatives de citoyens et les jumelages entre villes dans le but de rapprocher encore leurs deux peuples », le traité d’Aix-la-Chapelle signé le 22 janvier 2019 a créé le Fonds citoyen commun abondé à parité par les deux pays dont l’OFAJ pilote la phase initiale de la mise en œuvre. Face au vieillissement des animateurs et participants des jumelages, ce fonds constitue le gage de la réussite d’une relève générationnelle indispensable.

Enfin, fruit de ces rencontres et de la mobilité estudiantine ou professionnelle des jeunes des deux pays, chaque année plusieurs centaines de couples mixtes se constituent avec, corollaire de ces unions, la formation d’une jeunesse franco-allemande[2].


[1] Ce sont les lycées de Sarrebruck (1961) et Fribourg (1972) en Allemagne et celui de Buc (1975) en France (académie de Versailles). Deux autres sont en cours d’ouverture en 2022 : Hambourg et Strasbourg…

[2] En 2019, près de 1 000 unions franco-allemandes ont été enregistrées.

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