La République tchèque

Prague – © Jean-Pierre Dalbéra via Flickr

La République tchèque ou Tchéquie[1], va,  à partir du 1er juillet et durant les six mois à venir, exercer la présidence du Conseil de l’Union européenne.

Durant dix siècles, les « pays tchèques » (Bohême, Moravie, Silésie méridionale) ont été dans la mouvance politique et culturelle du Saint-Empire romain germanique. Cette situation a favorisé l’émergence, dès le XVIIe siècle, d’une forte industrialisation et d’une urbanisation dense. Plus que dans des caractéristiques naturelles, l’originalité du territoire réside dans un « paysage culturel » : un réseau dense de villages, de bourgades industrielles groupées autour du clocher et des cheminées d’usines.

En 1918, avec l’effondrement de l’empire multinational austro-hongrois naît, par l’union des Tchèques et des Slovaques, la Tchécoslovaquie. Le pays, bien qu’enchâssé aux deux tiers dans les pays germaniques, reste un carrefour et sa capitale Prague, dans l’entre-deux-guerres, constitue un relais majeur de l’influence culturelle européenne occidentale, notamment française.  

Au sortir de la Seconde guerre mondiale, la Tchécoslovaquie devient un « morceau d’Occident kidnappé » (Milan Kundera). En février 1948, le « coup de Prague » place le pays occupé par l’Armée rouge, dans le camp communiste. Néanmoins, dans les années 1960, l’esprit de réforme se manifeste : le Printemps de Prague revendique en 1968 une libéralisation du régime communiste pour « un socialisme à visage humain ». Mais les 20 et 21 août les chars du Pacte de Varsovie mettent fin à l’expérience. Débute alors, une longue période de « normalisation ».

Vingt ans plus tard, c’est le « retour en Occident ». En 1989, la Révolution de velours, provoque la chute du régime communiste et l’élection de Vaclav Havel à la présidence de la République. Quelques mois plus tard est créée la République fédérative tchèque et slovaque.

Deux ans de dissensions sur l’avenir de la fédération et de tensions entre responsables tchèque et slovaque débouchent sur le « divorce de velours ». De la scission de la Tchécoslovaquie naissent deux Etats indépendants aux dimensions modestes : la Slovaquie (49 000 km2 et 5,3 millions d’habitants) et la Tchéquie (78 000 km2 et 10 millions d’habitants).

« Petit pays » d’Europe centrale, la République tchèque  « s’occidentalise » rapidement.

République parlementaire bicamérale (chambre des députés et Sénat), démocratique et pluraliste, elle connaît l’alternance gouvernementale. Le chef de l’Etat, malgré des prérogatives constitutionnelles limitées, pèse sur le débat national. Ainsi, l’actuel président, Milos Zerman, premier Président tchèque élu au suffrage universel direct en 2013 et réélu en 2018,  ne cache pas ses sympathies pour la Russie et la Chine.

Profitant de sa situation géographique et de sa tradition industrielle, la République tchèque a bénéficié de nombreux investissements étrangers notamment allemands et l’économie tchèque est, aujourd’hui, le plus développé des pays  de l’Europe centrale. Malgré un recul de l’industrie au profit des services, le PIB tchèque par habitant équivaut à la moyenne européenne. Prague,  capitale millénaire de la Bohême, attire les touristes par sa splendeur architecturale et son atmosphère culturelle.

Cependant, avec l’abandon du système socialiste et le retour à l’économie de marché, les différences régionales se sont accentuées au profit de la capitale Prague, de quelques grandes villes et des régions frontalières occidentales.

La République tchèque devient membre de l’Union européenne à l’occasion du grand élargisse- ment de 2004. Le pays dépose sa candidature à l’UE en janvier 1996 et, en 1998, débutent des négociations en vue de l’adaptation du pays aux normes européennes. Membre de l’OTAN depuis mars 1999, la République tchèque entre dans l’UE le 1er mai 2004. Elle y est représentée par 21 députés au Parlement européen et par la Commissaire Vera Jourova, vice-présidente aux valeurs et à la transparence. Le pays intègre l’espace Schengen fin 2007. 

La Tchéquie ne fait pas encore partie de la zone euro. Bien que le pays respecte l’ensemble des critères requis, les dirigeants tchèques font de la consolidation de la zone euro un préalable à l’adoption de la monnaie unique.

Avec la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie, la République tchèque appartient au groupe de Visegrad ; formée en 1991 à la fin de la guerre froide, cette entente défend la souveraineté des Etats membres au sein de l’UE, avec une volonté de renforcement du Conseil européen.

Favorable au développement  de l’Europe de la Défense, la République tchèque soutient l’Ukraine dans le conflit avec la Russie et lui apporte une aide matérielle avec le groupe de Visegrad.

Opposés à la mise en place d’un mécanisme permanent et obligatoire de relocalisation des réfugiés, les Tchèques souhaitent un renforcement des frontières extérieures de l’UE.

Début juillet, la France passe le relais de la présidence tournante du Conseil de l’UE à la République tchèque. Cette présidence s’exerce en « trio », système introduit par le Traité de Lisbonne en 2009, pour assurer la continuité des travaux. Le trio actuel se compose de la France, de la République tchèque et de la Suède.

Durant le semestre à venir, elle va travailler autour de quatre thèmes : 

– une priorité absolue : le soutien à l’Ukraine pour le statut de candidat à l’adhésion à l’UE et la gestion du flux de réfugiés ;

– la sécurité énergétique jugée plus importante que le respect des objectifs de la transition énergétique et la fin de la dépendance aux énergies fossiles russes ;

– le renforcement de la défense européenne et de la cybersécurité avec le déploiement d’un système de communication spatial propre à l’UE ;  

– la résilience de l’économie européenne et de ses valeurs.

Cependant, Prague s’oppose à une réforme des traités européens pourtant mentionnée par la Présidence française et surtout par la Conférence sur l’avenir de l’UE.

La République tchèque a déjà exercé la présidence du Conseil de l’UE du 1er janvier au 30 juin 2009 dans le contexte délicat de la crise financière. La Covid 19, la guerre en Ukraine et la menace inflationniste, rendent cette seconde présidence autrement plus  difficile.   


[1] En 2016, les dirigeants  du pays ont adopté la forme courte « Tchéquie » pour désigner leur pays et demandé à l’ONU son adoption. Cette démarche s’est faite sans débat sans le pays. 


Sources :

http://www.touteleurope.eu/les-pays-de-l-union-europeenne/republique-tcheque.html

http://europa.eu/about-eu/countries/member-countries/czechrepublic/index_fr.htm#goto_1

http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_tch%C3%A8que

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/republique-tcheque/presentation-de-la-republique-tcheque/

V. Rey : Les pays tchèques, pionniers solitaires. Géographie universelle ; Europes orientales-Russie-Asie centrale. Belin-Reclus.1996.   

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