La situation énergétique en Union européenne

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L’Union européenne (UE) est le troisième plus gros consommateur d’énergie en volume dans le monde, après la Chine et les Etats-Unis.

Alors que depuis un an les médias insistent sur le risque de ruptures d’approvisionnement et d’augmentation des prix, quelle est la situation énergétique en Europe ?

L’UE est dépendante pour l’approvisionnement en énergie.

Plus de 70 % de l’énergie consommée est d’origine fossile. En 2019, le pétrole domine (36,3 %) devant le gaz naturel (22,3 %) et le nucléaire (13,1 %). Les énergies renouvelables représentent 22 % de la consommation en 2020.

  • La dépendance pour le gaz et le pétrole est forte par rapport  à la Russie et au Moyen-Orient. Mais elle varie selon les Etats : plus de 60 % dans quinze Etats membres de l’UE (Espagne : 73 %, Allemagne : 76,7 %), alors que celle de la France est inférieure à 50 %.

Les tensions sur le marché sont la conséquence de trois chocs :

  • le rebond de la demande mondiale d’énergie, à la suite de la crise de la Covid-19, combiné au déploiement insuffisant des énergies alternatives, provoque un déséquilibre entre l’offre et la demande ;
  • avant le début du conflit en Ukraine, la Russie manipule déjà les marchés européens du gaz naturel et en juillet 2022, la réduction des deux tiers de ses exportations entraîne une multiplication par dix des prix du gaz de l’UE ;
  • enfin s’ajoutent des coïncidences fâcheuses : problèmes de corrosion dans les centrales nucléaires françaises, sécheresse de l’été 2022 qui ont des effets sur la production d’électricité.

L’UE prend des mesures pour faire face à ces difficultés.

Assurer l’approvisionnement en gaz est devenu un casse-tête européen. Les importations de gaz russe ont été divisées par trois (45 % du total en 2021 ; 15 % en septembre 2022). Le 27 juin 2022, un règlement de l’UE prévoit de remplir les stocks de gaz à hauteur d’au moins 80 % avant le début de l’hiver (objectif atteint début septembre 2022 à 95 %) et à 90 % pour les hivers suivants.

Le 26 juillet 2022, un autre règlement décide de réduire de 15 % la consommation de gaz entre août 2022 et mars 2023, par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

L’UE se tourne vers le GNL (gaz naturel liquéfié), importé par bateau, le principal fournisseur étant les Etats-Unis. Mais les importations de GNL russe ont aussi augmenté dans les neuf premiers mois de 2022 de 21 % par rapport à l’année 2021. Des contrats ont été passés avec des fournisseurs de gaz alternatifs à la Russie : Norvège, Algérie, Azerbaïdjan. Dans ce domaine énergétique, l’UE doit coordonner à la fois le remplissage des installations de stockage, une réduction efficace de la consommation et garantir l’acheminement du gaz là où il est le plus nécessaire.

Le 24 novembre 2022, le Conseil de l’énergie, divisé, n’a pas adopté les mesures de plafonnement du prix du gaz (à 275 € le KWh) proposées par la Commission. Mais un accord a été trouvé le 19 décembre 2022 : à compter du 15 février 2023, les transactions seront stoppées en Europe par un mécanisme complexe si le prix du mégawatt heure dépasse 180 €.

Les échanges transfrontaliers d’électricité sont une des pièces maîtresses du système énergétique européen. Le marché intérieur de l’électricité n’est pas achevé ; les acteurs locaux dominent toujours leurs marchés nationaux avec des degrés variables de concentration. La fragmentation des marchés européens de l’électricité a pour conséquence une augmentation du prix de cette énergie.

Fin septembre 2022 a été fixé l’objectif de réduire de 10 % la consommation d’électricité. La formation du prix de cette énergie résulte indirectement du prix du gaz, bien que ce dernier ne contribue à produire que 20 % de l’électricité européenne ; il dépend du coût de production de la dernière centrale appelée sur le réseau européen pour répondre à la demande.

Adopté en mai dernier par les vingt-sept, l’embargo portant sur 90 % des importations de pétrole russe entre en vigueur le 5 décembre 2022. Les importations par voie maritime sont interdites dans l’UE ; les importations par oléoduc restent admises  pour permettre aux pays enclavés (la Hongrie surtout) d’être alimentés. Les Européens (et les pays du G 7) interdisent également à leurs compagnies maritimes et d’assurance de transporter des cargaisons de pétrole russe vendues au dessus du prix plafond de 60 $ le baril (alors que le prix du baril est de 65 $ en Russie). « Il fallait trouver un plafond qui permette d’amputer les revenus de Moscou et qui maintienne, en même temps, le pétrole russe en circulation pour éviter la flambée des prix mondiaux ». (Les Echos). De nouvelles sanctions devraient suivre, le 5 février 2023, sur les produits pétroliers transformés, notamment le diesel.

Le nucléaire est une autre forme de dépendance de l’Europe à la Russie, son troisième fournisseur d’uranium avec 20 % des parts de marché.  Mais l’industrie de l’atome est un des rares secteurs à ne pas être concerné par les restrictions ; il est impossible pour l’UE de se passer des capacités de production nucléaire ; de plus, le nucléaire, source d’électricité bas carbone, est classé dans la liste des investissements « verts ». Si les sanctions sont peu probables, acteurs et Etats réfléchissent à diversifier leurs approvisionnements.

Le développement des énergies renouvelables (36,5 % du total) est inégal selon les Etats européens. Tous ont tenu leurs engagements, sauf la France (19 % au lieu de 23 %).

Vers un grand marché européen de l’énergie ?

C’est sans doute la réponse nécessaire à la crise actuelle : réaffirmer l’unité de l’UE et mettre en place un grand marché pour alléger les pressions.

L’ouverture des marchés nationaux à la concurrence a été réalisée progressivement depuis 2004 pour les entreprises et les collectivités, depuis 2007 pour les particuliers. Les activités de production, de transport, de distribution sont séparées : une entreprise ne peut avoir de monopole dans cette chaîne.

En février 2015, dans un contexte international difficile (crise ukrainienne, tensions croissantes avec la Russie, guerre en Syrie), cette idée d’intégration des marchés nationaux de l’énergie a été relancée par J. C. Junker. L’harmonisation des réseaux de transport a été entreprise, des approvisionnements diversifiés et des mécanismes de solidarité régionale en cas de crise ont été prévus.

La réduction de la demande nécessite une communication  sérieuse et directe avec le public. Rénovation des bâtiments, développement des renouvelables  pour sortir des énergies fossiles, création d’un fonds commun pour aider les plus vulnérables sont autant de mesures nécessaires.

Sources :

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