Le mécanisme européen de protection civile

© EC – Service audiovisuel – 2020 – Xavier Lejeune

Le 17 juillet dernier une série d’incendies considérée comme la plus importante enregistrée dans l’Union européenne a touché plusieurs régions de Grèce causant d’innombrables dégâts et imposant l’évacuation de nombreuses populations. C’est pour faire face à cette situation dramatique et urgente que le pays a fait appel au mécanisme européen de protection civile (MEPC) de l’Union européenne. Ainsi, des groupes de sapeurs-pompiers maltais, hongrois, polonais ou roumains ont été immédiatement positionnés sur le front de l’incendie et des canadairs français et italiens ont été appelés à intervenir. En août, c’était au tour de la Slovénie et de Chypre de solliciter ce mécanisme à la suite des inondations et des incendies de forêt qui les avaient frappés. Toutefois, la plus importante opération réalisée dans le cadre du mécanisme de protection civile de l’Union à ce jour reste celle qui a été menée depuis mars 2022 auprès de la population ukrainienne à la suite de l’agression militaire de la Russie, essentiellement en fourniture de matériels d’urgence[1].

Ce sont ici les exemples les plus récents des interventions à mettre au crédit de ce dispositif créé par la Commission européenne en 2001 avec pour objectif de renforcer la coopération en matière de protection civile entre les pays de l’UE et neuf autres États participants[2]. Il s’agit, plus précisément, de promouvoir la coopération entre les autorités nationales de protection civile, de renforcer la sensibilisation et la préparation des citoyens aux catastrophes et enfin de permettre la fourniture d’une aide rapide, efficace et coordonnée aux populations touchées.

Depuis sa création le mécanisme de protection civile a répondu à plus de 700 demandes d’assistance, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’UE, parmi lesquelles celle liée à la crise sanitaire de la COVID-19 entre 2020 et 2022, les rapatriements en provenance d’Afghanistan en 2021 ou le tremblement de terre en Turquie et en Syrie en 2023.

Le principe est, qu’en effet, lorsqu’un pays du monde quel qu’il soit reconnaît son impossibilité de faire face seul à une catastrophe, qu’elle soit d’origine naturelle ou provoquée par une guerre ou une épidémie, il puisse faire appel, de lui-même ou, en son lieu et place, par l’Organisation des Nations unies ou l’une de ses agences, à la solidarité européenne via le mécanisme de protection civile. En cas de réponse favorable, les Etats participants annoncent les moyens qu’ils sont en mesure d’apporter à l’Etat demandeur en utilisant le Système de communication et d’information d’urgence (CECIS). C’est alors au Centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC) d’organiser l’acheminement et le déploiement des ressources proposées par les États membres en matériel, experts et équipes de terrain[3]. Ces interventions sont généralement accompagnées d’une aide humanitaire lorsqu’elles ont lieu dans des pays en développement.

Un dispositif complémentaire a également été conçu pour renforcer l’efficacité du mécanisme d’intervention : la réserve européenne de protection civile, créée en 2013, propose des équipes de secours, du personnel médical, ainsi que des réserves de matériel, en quelque sorte “pré-engagées”, mises à disposition par les Etats membres volontaires ; de même, une réserve de matériel supplémentaire (RescEU) a été mise sur pied en 2019 afin de mettre à disposition des Etats qui en font la demande des avions bombardiers d’eau contre les incendies de forêt, des hôpitaux de campagne, du matériel de sauvetage et des équipes médicales d’urgence.

Les actions du MEPC bénéficient par ailleurs de l’aide précieuse du service Copernicus de gestion des urgences dont les cartes satellitaires et les informations précises et actualisées permettent de délimiter les zones touchées et de planifier au mieux les opérations de secours.

Sur le plan financier, le mécanisme de protection civile de l’UE reçoit, en plus des contributions des Etats participants, une enveloppe financière issue du budget pluriannuel de l’UE. Elle était de 368,4 millions d’euros pour la période 2014-2020. Ainsi, la Commission contribue pour 75 % au moins aux frais des interventions. Par ailleurs le plan de relance de la Commission européenne validé par les chefs d’Etat et de gouvernement en juillet 2020 a décidé d’accorder 1,9 milliard d’euros sur la période 2020-2023 à la réserve supplémentaire RescEU.

Le mécanisme de protection civile a fait ses preuves et son utilité humanitaire n’est plus à démontrer. Pourrait-il être engagé au Proche Orient pour y venir en aide aux populations sinistrées de la bande de Gaza ? L’UE, qui s’est dite ouverte à la poursuite de son aide humanitaire, disposerait-elle, dans un délai raisonnable, des moyens d’accès à ce territoire ?


[1]  Plus de 88 000 tonnes d’équipements vitaux, de denrées alimentaires et de médicaments ont été envoyées au pays via le mécanisme, mais aussi plus de 1 000 générateurs électriques.

[2] Albanie, Bosnie-Herzégovine, Islande, Macédoine du Nord, Monténégro, Norvège, Serbie, Turquie et Ukraine.

[3] Schéma sur : https://www.touteleurope.eu/wp-content/uploads/2020/12/fonctionnement-MPC-UE-Commission.jpg

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