Le Prix Sakharov 2020 à l’opposition biélorusse

© Nadzeia BUZHAN – European Union 2020 – Source : EP

Institué en 1988, le « Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit » est remis chaque année par le Parlement européen à des personnes, des associations ou des organisations en lutte contre l’oppression, l’intolérance et l’injustice. Il tient son nom du scientifique russe Andreï Sakharov, l’un des inventeurs de la bombe soviétique mais aussi militant de la Paix et des Droits de l’Homme et l’un des principaux dissidents du régime communiste.

Le 22 octobre 2020 le Prix Sakharov a été décerné à l’ensemble de l’opposition biélorusse, qui manifeste depuis l’été dernier contre le régime d’Alexandre Loukachenko, et a été remis lors d’une cérémonie au Parlement européen, le 16 décembre, aux membres du Conseil de coordination de l’opposition biélorusse dirigé par Svetlana Tikhanovskaïa, dont le président Sassoli a salué l’engagement au service de la démocratie.

En effet, l’opposition au président autoproclamé Alexandre Loukachenko conteste les résultats de l’élection présidentielle tenue en août dernier et à partir desquels le dictateur biélorusse s’est attribué la victoire pour la cinquième fois consécutive, une victoire que ne reconnaît pas le Parlement européen. Après l’intellectuel ouïgour Ilham Tohti, condamné à la prison à vie en Chine pour « séparatisme » et lauréat en 2019, les eurodéputés [1] ont couronné un mouvement porté en particulier par des femmes, dont Svetlana Tikhanovskaïa devenue, depuis, le visage de la contestation biélorusse, et exilée aujourd’hui en Lituanie. En effet, depuis le scrutin, de nombreuses manifestations se sont déroulées dans le pays, violemment réprimées par le régime. Face aux menaces et aux intimidations du pouvoir, la contestation a pris, depuis, des formes différentes, sans que diminue toutefois la détermination des opposants.

Le Président du Parlement européen a notamment déclaré à l’adresse des organisations d’opposition récompensées : « N’abandonnez pas votre combat. Nous sommes à vos côtés ».

Cette distinction, qui a logiquement suscité la réprobation de Minsk, mais aussi celle de Moscou, fidèle soutien du président Loukachenko, est un signe supplémentaire de la fracture qui s’est opérée entre l’Union européenne et le Kremlin.


[1] Cette candidature était soutenue par les principaux groupes politiques du Parlement, notamment le PPE (droite), S & D (socialistes et démocrates) et Renew Europe (centristes et libéraux).

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