L’Union européenne et le vaccin

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Depuis la mi-novembre, les annonces de mise au point de vaccins efficaces contre la Covid-19 se multiplient. Elles laissent entrevoir un début de campagne de vaccination, au moins pour les personnes les plus vulnérables, pour le début de l’année 2021, la vaccination généralisée ne devant pas intervenir avant le printemps ou l’été 2021selon l’OMS. Quel rôle l’Union européenne joue-t-elle dans cette recherche et comment envisage-t-elle d’utiliser ces vaccins ?

L’Union européenne intervient très tôt comme le montre la chronologie de ses actions[1] :

  • le 1er février, l’Union débloque 10 millions € pour la recherche contre le virus dans le cadre du programme de recherche Horizon 2020, effort qu’elle amplifie à la mi-mars avec la mobilisation de 140 millions de fonds publics et privés (Horizon 2020 et industrie pharmaceutique) pour financer la recherche sur les vaccins, les diagnostics et les traitements.
  • le 16 mars, l’entreprise allemande CureVAC en pointe dans la recherche d’un vaccin et, à ce titre, convoitée par les États-Unis, reçoit un soutien financier de 80 millions €.
  • le 6 juillet, la Commission et la Banque européenne d’investissement apportent à l’entreprise 75 millions d’euros pour la mise au point de vaccins et pour le développement des capacités de production.
  • le 19 mai : 122 millions d’euros supplémentaires en faveur de projets de recherche urgents sur le coronavirus.
  • le 8 juin, l’UE octroie 166 millions d’euros à 36 entreprises innovantes afin  de lutter contre le virus.
  • le 11 juin, la Banque européenne d’investissement accorde à BioNTech un financement de 100 millions d’euros pour la mise au point d’un vaccin contre la COVID-19.

Pourtant, il faut attendre le 17 juin, pour que la Commission présente la stratégie de l’Union concernant les vaccins[2]. Il s’agit de « soutenir les efforts visant à accélérer le développement et la mise à disposition de vaccins sûrs et efficaces dans un délai de 12 à 18 mois, si ce n’est plus tôt ».

Cette stratégie repose sur deux principes :

  • le premier consiste dans le financement de la recherche privée sur la base du pré-achat. L’Union apporte de l’argent à des laboratoires qui, en contrepartie, s’engagent à fournir en quantité les doses de vaccins négociées.
    Ces laboratoires sont choisis en fonction de critères précis :
    • la rigueur de l’approche scientifique et de la technologie utilisée ;
    • la rapidité et la capacité de livraison de quantités suffisantes de vaccins en 2020 et 2021 ;
    • le coût ;
    • le partage des risques et la couverture de responsabilité requise ;
    • les différentes technologies couvertes et la capacité de production dans l’UE ;
    • la solidarité mondiale avec un engagement à offrir de futures doses de vaccin à des pays partenaires afin de mettre fin à la pandémie mondiale ;
    • un dialogue précoce avec les organismes de régulation de l’Union dans l’intention de solliciter une autorisation de mise sur le marché de l’Union pour le(s) vaccin(s) candidat(s).

Fin août, un premier contrat est signé avec le laboratoire AstraZeneca pour 300 millions de doses.
Début septembre la Commission européenne conclut des discussions préliminaires avec BioNTech-Pfizer en vue de l’achat d’un vaccin potentiel contre la COVID-19 après Sanofi-GSK, Johnson&Johnson, CureVac, Moderna.
Le 18 septembre, un 2eme contrat portant sur 300 millions de doses, est signé avec Sanofi-GSK ; début octobre, avec la société pharmaceutique Janssen Pharmaceutica NV (groupe Johnson & Johnson), un mois plus tard avec BioNTech-Pfizer pour 200 millions de doses. Si l’on ajoute la probable conclusion d’un contrat avec CureVac pour 235 millions de doses  et avec Moderna pour 80 millions de doses, ce sont plus de 1,8 milliard de doses qui sont  pré-achetées pour le compte de tous les États européens.

Au total, cela représente un engagement financier de 2,7 milliards €.

  • Le second principe consiste en une approche multilatérale et coopérative selon laquelle la réponse doit être mondiale pour un accès universel à un vaccin.

« L’Union européenne ne sera à l’abri que si le reste du monde est à l’abri. ».

Dès février 2020, l’Union a annoncé un soutien financier de 232 millions € à l’Organisation mondiale pour la santé (OMS). Début mai, elle a organisé en collaboration avec l’institution onusienne et d’autres pays, une conférence des donateurs au niveau mondial qui permet de recueillir 7,4 milliards € de promesses de dons publics et privés.

Fin août, la Commission adhère au mécanisme «COVID-19 Vaccine Global Access» (COVAX) lancé par l’OMS[3]. Ce programme international vise à assurer un accès équitable à des vaccins contre la COVID-19. Le programme international porte sur 9 projets de vaccins qui doivent être disponibles partout à un prix abordable, et pour tous ceux qui en ont besoin. La Commission a également annoncé une contribution de 400 millions d’euros de garanties pour soutenir le mécanisme COVAX et sa lutte contre le coronavirus au niveau mondial. Le 12 novembre, l’Union annonce qu’elle ajoute 100 millions supplémentaires à sa contribution sous forme de subventions.

En prévision d’une commercialisation qui pourrait intervenir à la mi-décembre, l’Union se préoccupe de coordonner les politiques nationales de distribution des vaccins et de vaccination. La tâche ne s’annonce pas aisée tant la tentation du  nationalisme sanitaire est grande comme le montre le choix hongrois du vaccin russe Spoutnik-V !

[1] Chronologie de l’action de l’UE.   https://ec.europa.eu/info/live-work-travel-eu/coronavirus-response/timeline-eu-action_fr

[2] Communiqué de presse, 17 juin, Bruxelles https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/

[3] 184 pays et économies y participent. La Chine, après avoir dans un premier temps refusé, annonce, le 8 octobre, qu’elle rejoint l’initiative Covax à la différence de la Russie et des Etats-Unis. 


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