Novi Sad, capitale européenne de la culture en 2022

© Acilim13, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Suite à une proposition faite en 1983 par Mélina Mercouri, ministre de la culture grecque, bientôt soutenue par son collègue français, Jack Lang, le label « Ville européenne de la culture » a vu le jour en 1985. La même année, Athènes a étrenné le label.

En 1999, par une décision du Parlement européen et du Conseil, le label a été remplacé par celui de « Capitale européenne de la culture » avec pour objectif de mettre d’avantage en valeur l’événement.

Les objectifs poursuivis permettent de :

  • Mettre en exergue les richesses et les diversités des cultures en Europe ;
  • Célébrer les caractéristiques culturelles partagées par les Européens ;
  • Développer le sentiment d’appartenance à un espace culturel commun ;
  • Faire prospérer les villes candidates, grâce à la culture.

L’expérience montre que le titre, véritable label, est une excellente occasion pour :

  • Redynamiser les villes ;
  • Développer davantage le profil international des communes concernées ;
  • Modifier l’image des villes aux yeux des habitants ;
  • Insuffler une nouvelle vie culturelle ;
  • Stimuler le tourisme.

Les financements européens sont conséquents ; l’Union européenne exige donc des villes lauréates la rédaction de rapports et bilans très précis ; les capitales européennes de la culture ont sans doute permis à de nombreux touristes européens de découvrir les richesses des plus belles villes du continent mais les rapports livrent souvent des conclusions mitigées sur la participation de ce label au renforcement de l’intégration européenne, peu de villes semblant attachées à la dimension européenne de l’évènement.

L’UE attendait, notamment, plus de coopération pérenne entre les villes lauréates ; un rapport annuel d’évaluation sur l’organisation des événements permet donc de discerner si la dimension européenne est réellement prise en compte, pour devenir maintenant un critère incontournable dans la sélection.

Depuis 2009, deux villes au moins se partagent le label : l’une issue d’un “ancien” Etat membre, l’autre d’un “nouveau”. A ces deux lauréates peut s’ajouter une troisième, issue d’un pays tiers, par exemple un pays membre de l’AELE[1] ou un pays candidat à l’adhésion à l’UE.

C’est ainsi que Novi Sad a remporté le titre pour 2022[2].

 

Novi Sad : l’Athènes serbe

 

Novi Sad (en cyrillique Нови Сад) devient la première ville serbe à être désignée capitale européenne de la culture.

D’environ 350 000 habitants, Novi Sad est une ville du Nord de la Serbie, sur les rives du Danube, capitale de la province de Voïvodine ; c’est la deuxième plus grande ville du pays après Belgrade ; elle est reconnue comme étant dynamique, alternative et passionnée par l’art. C’est aussi un important centre économique et financier.

Fondée en 1694, la ville de Novi Sad est le noyau de la culture serbe, ce qui lui a valu le surnom d’Athènes serbe ; tout invite à la flânerie et à une balade au fil de l’histoire tant Novi Sad abrite plusieurs monuments emblématiques, témoins des différentes phases de son passé et de son héritage. Pendant plusieurs siècles, souvent ballottée au gré des changements de l’histoire comme l’affrontement entre l’Empire ottoman et l’Empire austro-hongrois, la région de Novi Sad a vécu un brassage de populations, ce qui explique le nombre important de monuments historiques et les six langues officielles parlées dans la ville.

200 ans d’une histoire contrastée ont marqué le visage de la ville qui a gardé une très forte identité austro-hongroise, par exemple dans son architecture inspirée du baroque viennois. La région, contrôlée par les Austro-hongrois jusqu’en 1919, présente une très grande hétérogénéité et une mosaïque de communautés comme les Hongrois, les Slovaques, les Croates, les Roms, les Roumains, les Monténégrins, les Ukrainiens, les Allemands, etc. La plupart des minorités bénéficient d’un statut protégé et d’une autonomie certaine dans de nombreux domaines.

 

De grands projets culturels

 

         La municipalité a décidé d’en mettre plein la vue avec un programme d’expositions, d’événements et de spectacles célébrant la devise de l’Union européenne : « Unie dans la diversité« . Le programme est ainsi composé de thèmes qui racontent l’histoire de l’Europe et de Novi Sad sous l’angle des identités, des problématiques et des sujets relatifs à l’Europe.

         Plus de 4000 artistes font partie du projet culturel, avec 1500 événements qui devraient drainer un maximum de touristes.

D’anciens sites industriels et des usines désaffectées représentent un véritable potentiel et de superbes écrins pour être des galeries d’art, des scènes de théâtre et de concerts et des lieux artistiques animés.

       De nombreux bâtiments richement restaurés sont devenus, au moins pour une année, des Stations culturelles qui marient l’ancien et le moderne, le passé patrimonial et la culture contemporaine. Ainsi en est-il de plusieurs sites : Svilara, ancienne usine de teinture de soie qui abrite des œuvres d’art contemporain et des photographies dans un décor unique ; Egyséq, château du XIX° siècle qui accueille des concerts classiques ; Petrovaradin, citadelle emblématique de la ville, bastion militaire aux multiples trésors, qui héberge EXIT, célèbre festival serbe de musiques rock, électronique, alternative et dance de toute l’Europe…

         Pour les amateurs d’art, des galeries, des musées, des édifices religieux et même les rues proposent des chefs d’œuvre anciens, des peintures murales et des graffitis contemporains.

         Que vive la culture européenne !


[1] L’Association européenne de libre-échange (AELE) est une organisation intergouvernementale qui vise à promouvoir le libre-échange et l’intégration économique au profit de ses quatre Etats membres que sont l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. Ces quatre pays, comme ceux candidats à l’adhésion à l’UE pourront détenir le titre en 2022, 2024, 2028, 2030 et 2033

[2] En raison de la COVID-19, il n’y a pas eu de capitales européennes de la culture 2021. Cependant, celles de 2020 (l’Irlandaise Galway et la Croate Rijeka) ont pu, exceptionnellement, conserver leur titre jusqu’en avril 2021. Pour l’année 2022, deux autres villes sont aussi lauréates : Esch-sur-Alzette, la deuxième ville du Luxembourg et Kaunas, au centre de la Lituanie.


Sources :

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