UE, cinéma et séries TV, un séminaire à la Faculté de Droit et Sciences économiques de Limoges

© Emilie CHEVALIER – FDSE Limoges

A l’initiative d’Emilie Chevalier, maître de conférences à l’Université de Limoges et par ailleurs bien connue des familiers de la Maison de l’Europe en Limousin au profit de laquelle elle assure régulièrement des interventions, s’est tenu le jeudi 23 février dans les locaux de la Faculté de Droit et de Sciences économiques de Limoges, un séminaire intitulé « UE, Cinéma et Série TV ». Une initiative qui ne pouvait que susciter l’intérêt des membres de la MDE invités à ce séminaire.

Le sujet des débats portait moins sur les rapports entre l’Union européenne et les médias audiovisuels, que cette dernière soutient d’ailleurs financièrement dans le cadre de son programme Europe Créative, que sur la façon dont ces différents médias, essentiellement les films de cinéma et les séries télévisées, qu’ils soient européens ou extérieurs, rendent compte d’abord de la réalité politique et juridique de l’Union européenne, et ensuite de la façon dont sont montrées – et perçues – un certain nombre de ses politiques au premier rang desquelles les politiques migratoire ou environnementale.

Un premier constat a été fait que l’institution européenne est « peu vendeuse » du point de vue des créateurs audiovisuels puisque peu de leurs productions la prennent comme sujet principal de leurs scénarios, si ce n’est Adults in the room, film de Costa-Gavras en 2019, très critique sur la façon dont l’eurogroupe et la « troïka » ont géré la crise grecque des années 2010, et les deux saisons de la série Parlement diffusées entre 2020 et 2022 sur France-Télévision, dont les ressorts comiques et outranciers peuvent apparaître comme un moyen efficace de mettre en évidence l’importance du compromis dans le fonctionnement politique de l’UE.

C’est donc un regard d’abord juridique que les différents intervenants, des spécialistes de différentes structures universitaires européennes du droit, ont porté sur quelques exemples choisis comme représentatifs de la façon, souvent peu flatteuse, dont les fictions cinématographiques et télévisuelles rendaient compte de la politique communautaire, perçue souvent – mais moins souvent qu’attendu – de façon manichéenne, comme une machine technocratique dépourvue d’humanité. Il a été pourtant souligné l’intérêt que présentent ces représentations pour ses observateurs, et notamment pour les juristes, puisqu’elles leur donnent le point de vue du spectateur « moyen ». C’est ainsi que la question difficile de l’identité européenne peut être montrée de façon concrète, bien que pas toujours dénuée de stéréotypes, comme elle l’est dans L’Auberge espagnole, de même que des problématiques comme la libre circulation dans l’espace Schengen ou la fuite des cerveaux, dans certaines séries. La question des migrations est, elle, fréquemment interrogée par le traitement qu’en produisent les fictions[1], même si la politique migratoire de l’UE y est rarement mise en évidence de façon explicite. Des exemples éclairants ont été également proposés à propos de problématiques sociétales : la cyberviolence à travers la série H 24 : 24 heures de la vie d’une femme, ou des questions environnementales comme celle de la défense planétaire mise en scène de manière spectaculaire dans le film américain Don’t look up : Déni cosmisque.

C’est essentiellement l’intérêt pédagogique que présentent les productions cinématographiques et télévisuelles au service d’une meilleure connaissance et d’une plus grande réflexion sur les aspects juridiques de la politique européenne qui a été mis en valeur à l’issue de ce captivant colloque. Un intérêt qui dépasse, à l’évidence, le cercle des seuls universitaires juristes, animateurs de cet événement, et qui est de première importance pour les passionnés d’Europe que sont les adhérents de la Maison de l’Europe en Limousin, dont une délégation fournie a vivement apprécié la prestation.


[1] Notamment les deux films du Finlandais Aki Kaurismaki, Le Havre et De l’autre côté de l’espoir.

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