La présidence portugaise du Conseil de l’Union européenne

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Pour la quatrième fois depuis son adhésion à l’Union européenne (UE) en 1986, le Portugal préside le Conseil de l’UE au premier semestre 2021. Il prend le relais de l’Allemagne ; son défi : trouver l’équilibre entre les exigences nationales et celles de l’UE, au moment où la réponse à la crise sanitaire est en jeu.

La gestion portugaise de la crise sanitaire lors de la première vague a été considérée comme un exemple à suivre ; la seconde vague a eu des effets plus considérables, sans pour autant entraîner un confinement total de la population. Les secteurs du tourisme ont été les plus touchés par la crise. Le gouvernement socialiste a prévu des mesures de relance économique, mais se trouve dans une phase politique difficile, confronté aux critiques de ses alliés d’extrême gauche et du Parti communiste. Des agents du service de contrôle des étrangers et des frontières sont accusés de violation des droits humains. Depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir en 2015, la cohabitation a bien profité au gouvernement dirigé par Antonio Costa et au Président de la République Marcelo Rebelo de Sousa. Le soutien implicite du parti socialiste au Président de la République, de centre droit, sortant, réélu en janvier 2021 avec 63,3 % des suffrages exprimés, traduit une volonté de continuité et de stabilité, nécessaire à une bonne gestion de la présidence.

Le programme de la présidence portugaise s’inscrit dans le cadre du projet élaboré par le « trio », avec l’Allemagne et la Slovénie.

Trois grandes priorités :

  • favoriser la relance européenne, appuyée sur les transitions climatique et numérique ;
  • instaurer le socle européen des droits sociaux en tant qu’élément essentiel pour mener à bien une transition climatique et numérique juste et inclusive ;
  • renforcer l’autonomie stratégique d’une Europe ouverte au monde.

Cinq lignes d’action :

  • favoriser la relance, la cohésion, les valeurs européennes ;
  • placer l’UE en tête de l’action pour le climat ;
  • accélérer la transformation numérique au service des citoyens et des entreprises ;
  • valoriser et renforcer le modèle social européen ;
  • favoriser une Europe ouverte au monde.

Le logo de présidence, basé sur le drapeau de l’UE (bleu et jaune), représente un soleil et un gouvernail : référence à l’histoire, à l’ouverture au monde du Portugal et à son intention de guider l’Europe vers l’avenir.

« Il est temps de passer à l’action » (Antonio Costa, Premier ministre portugais), dans le domaine social et international.

La présidence portugaise veut relancer l’Europe sociale, largement éclipsée par la pandémie. Un « sommet social » est prévu les 7 et 8 mai 2021 à Porto, pour encourager les pays européens à développer les droits économiques et sociaux des citoyens européens. Selon Antonio Costa, le modèle actuel « n’a pas d’avenir » et ne répond pas aux grands enjeux environnementaux. Une conférence de haut niveau, avec pour thème « changements climatiques – nouveaux modèles économiques » sera organisée par le ministère portugais de l’environnement et de l’action climatique. Face aux défis du changement climatique et de la transition numérique, l’objectif est de mettre en avant un « nouveau développement plus équitable et plus juste dans les limites des systèmes naturels qui assurent la vie ». Dans le même esprit, l’instauration du Pacte vert pour l’Europe et l’approbation de la première loi européenne sur le climat seront privilégiées.

La jeunesse devrait aussi être à l’ordre du jour de ce sommet social : la présidence portugaise veut lancer le nouvel Erasmus+ en juin, pour la période 2021-2027, doté de 26,2 Mds € (presque le double de celui de la période 2014-2020 : 14,7 Mds €). Ce programme se veut plus inclusif et soutient la transition verte et numérique de l’UE.

Après plus de trois ans de négociations, les Etats membres ont enfin accordé à la présidence portugaise, le 24 mars 2021, le mandat d’amorcer des pourparlers avec le Parlement européen sur un projet de loi concernant l’évaluation des technologies de la santé. Un groupe de coordination composé de l’ensemble des autorités sanitaires nationales sera créé pour travailler sur ce thème.

L’Europe doit agir en tant qu’acteur autonome dans le monde : le Portugal veut défendre « l’autonomie stratégique » de l’UE, affirmer l’Europe comme un acteur global, renforcer sa présence dans la région Indo-Pacifique. Dans ce but, les relations indo-portugaises constituent un élément central. Après avoir rencontré le Premier ministre indien Narendra Modi à New-Delhi en février 2020, le Président de Sousa a annoncé l’organisation d’un sommet Inde-Union européenne.

De même, selon Lisbonne, l’UE et l’Afrique doivent étoffer leurs relations dans le domaine de la défense. La plupart des actions militaires européennes se déroulent sur le continent africain, mais le dialogue avec les dirigeants africains est insuffisant. Avec le développement de la piraterie dans le golfe de Guinée, il est nécessaire de donner une dimension maritime à la défense européenne.

Les migrations sont une des composantes des relations entre l’UE et les pays voisins. Une réunion « extrêmement constructive » a eu lieu sur ce thème, pour faire progresser le nouveau pacte migratoire proposé par la Commission en septembre 2020. Ce dossier épineux, que le Portugal doit faire avancer, divise les pays en première ligne, Italie, Grèce, Chypre, et les pays hostiles à l’accueil des migrants, tels que la Pologne et la Hongrie.

L’Etat de droit et les différends européens sur le sujet sont une autre préoccupation de la présidence portugaise. Mais l’organisation des auditions de la Pologne et de la Hongrie sur le sujet pourrait être retardée en raison de la pandémie de Covid 19.

Reprise économique et sociale, avec pour moteur les transitions climatique et numérique, renforcement de l’autonomie stratégique de l’UE sont donc les priorités du semestre portugais. En étant le premier à déposer son plan de relance, le Portugal souligne qu’il n’est pas un « petit pays de l’Union européenne ».


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