L’Union européenne et la troisième vague de Covid-19

© Communautés européennes, 2020 – EC – Service audiovisuel

La troisième vague de Covid-19 frappe durement les pays de l’Union européenne, et les différentes campagnes nationales de vaccination ont commencé trop lentement pour pouvoir l’empêcher. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a critiqué le 1er avril la lenteur « inacceptable » de la vaccination sur le continent, en soulignant que le nombre de nouveaux cas y a fortement progressé ces cinq dernières semaines.

Quelles sont les dernières mesures prises par l’Union européenne dans cette nouvelle phase de la lutte contre la pandémie ?[1]

Il faut distinguer les actions menées par le Conseil et celles menées par la Commission européenne.

Les dernières mesures prises par le Conseil montrent la solidarité entre pays européens, l’intensification de la stratégie vaccinale et le déploiement du plan de relance[2].

  • 11/02/2021 – le Conseil adopte l’instrument-clé intitulé « Facilité pour la Reprise et la Résilience (FRR) » au cœur de NextGenerationEU. Doté de 672,5 milliards d’EUR, il aidera les États membres à faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie, et à soutenir les transitions écologique et numérique, afin de permettre aux économies des pays de l’UE de devenir plus durables et résilientes. Les pays de l’UE ont en principe jusqu’au 30 avril 2021 pour présenter leurs plans nationaux pour la reprise et la résilience définissant leurs programmes de réforme et d’investissement jusqu’en 2026.
  • 11/03/2021- Approbation d’un quatrième vaccin (Johnson & Johnson) contre la COVID-19 en vue de son utilisation dans l’UE.
  • 25/03/2021 – Les dirigeants de l’UE réunis par vidéoconférence appellent à intensifier les efforts en ce qui concerne le déploiement des vaccins. L’UE s’est fixé comme objectif de vacciner 70 % de sa population adulte d’ici la fin de l’été.
  • 01/04/2021- Les pays de l’UE partagent des doses supplémentaires de vaccins avec les États membres qui en ont le plus besoin (Bulgarie, Croatie, Estonie, Lettonie et Slovaquie)

Dans sa communication le Conseil met en avant les « Dix choses concrètes que fait l’UE pour lutter contre la COVID-19 et assurer la relance »[3] :

  • Soutenir la relance de l’UE
  • Coordonner les mesures relatives aux déplacements
  • Ralentir la propagation du virus
  • Fournir des vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19
  • Soutenir les systèmes de santé de l’UE
  • Protéger l’emploi
  • Aider les pays de l’UE à financer leur réaction face à la COVID-19
  • Stimuler la solidarité européenne
  • Soutenir les secteurs économiques les plus touchés
  • Soutenir nos partenaires dans le monde entier

La Commission européenne coordonne la réaction européenne commune face à la pandémie de COVID-19[4]. Elle prend des mesures afin de renforcer les secteurs de la santé publique et d’atténuer les effets socio-économiques de la pandémie dans l’UE. Elle mobilise des moyens pour aider les États membres à coordonner leurs réactions au niveau national, et elle fournit des informations sur la propagation du virus et les efforts déployés pour la contenir. La présidente von der Leyen a mis en place une équipe de réaction dont les travaux reposent sur trois piliers principaux :

  • Le premier pilier est le domaine médical, qui comprend la prévention, les marchés publics, les mesures d’assistance et la prospective.
  • Le deuxième pilier concerne la mobilité, depuis les transports jusqu’aux conseils aux voyageurs, en passant par les questions relatives à l’espace Schengen.
  • Le troisième pilier est celui de l’économie: il s’agit d’analyser en profondeur les différents secteurs d’activité, tels que le tourisme, les transports et le commerce, ainsi que les chaînes de valeur et les aspects macroéconomiques.

A titre d’illustration on peut citer les dernières mesures prises :

  • le 6 avril, les Pays-Bas et l’Autriche sont devenus les premiers pays de l’UE à utiliser REACT-EU (aide à la relance pour la cohésion et les territoires européens dans le cadre de Next Generation EU) ;
  • le 7 avril, la Commission a mobilisé 123 millions d’euros auprès d’Horizon Europe, le programme de recherche et d’innovation de l’UE, pour la recherche urgente sur les variants de coronavirus ;
  • le 14 avril, la Commission européenne est parvenue à un accord avec BioNTech-Pfizer afin d’accélérer la livraison des vaccins. 50 millions de doses supplémentaires, initialement prévues pour le quatrième trimestre 2021, seront livrées au deuxième trimestre, dès le mois d’avril. Pour se préparer à l’avenir, la Commission a également annoncé entamer des négociations avec BioNTech-Pfizer en vue d’un troisième contrat prévoyant la livraison de 1,8 milliard de doses de vaccin pour la période 2021-2023.

Face aux critiques, l’Union européenne a décidé de durcir sa politique de contrôle des exportations de vaccins. En effet, l’UE, qui a exporté quelque 10 millions de doses, tous vaccins confondus, vers le Royaume-Uni, n’a rien reçu en retour. Le contrat signé avec AstraZeneca prévoyait la livraison de doses provenant de deux usines britanniques mais l’entreprise a expliqué que son contrat avec Londres l’obligeait à honorer en priorité les commandes britanniques. Désormais, AstraZeneca ne pourra plus exporter aucun vaccin depuis l’Union européenne tant qu’il n’aura pas rempli ses engagements contractuels envers l’UE. Le 18 avril, Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur a déclaré que, compte tenu des retards de livraison accumulés depuis le début de l’année par AstraZeneca, le contrat qui se termine le 30 juin pourrait ne pas être renouvelé.

Sur le plan économique, alors que le président Biden a décidé d’injecter rapidement 1900 milliards de dollars dans l’économie américaine, le plan de relance européen de 750 milliards d’euros, initié en juillet 2020, mais pas encore ratifié par tous les États[5], semble aujourd’hui insuffisant face aux effets de la troisième vague. Les projections actuelles montrent que les États-Unis devraient retrouver leur niveau économique d’avant crise vers le milieu de l’année 2021, alors que l’UE n’atteindra ce niveau qu’un an plus tard. Il faut également s’attendre à une reprise économique hétérogène entre une Allemagne portée par son industrie et des pays d’Europe du Sud dépendants du tourisme. En conséquence, la question d’un renforcement du plan de relance européen est posée.


[1] La stratégie de l’Union concernant les vaccins a été présentée dans un précédent article https://europe-limousin.eu/lunion-europeenne-et-le-vaccin/

[2] Chronologie – les mesures prises par le Conseil face à la COVID-19 https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/coronavirus/timeline/

[3] https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/coronavirus/10-things-against-covid-19/

[4] https://ec.europa.eu/info/live-work-travel-eu/coronavirus-response_fr

[5] Le 25 mars 2021, la Cour constitutionnelle allemande (Karlsruhe) a suspendu le processus de ratification de l’Etat allemand en raison d’une plainte contre le mécanisme de dette commune. Cette plainte a été rejetée le 21 avril 2021.

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