La Voix d’Aïda – Prix Lux du public 2022

Press conference – Lux Audience Award 2022

C’est la réalisatrice bosniaque Jasmila Žbanić qui s’est vu décerner, le 8 juin dernier, par Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen, le Prix cinématographique européen du public (Prix Lux du public) 2022 pour son film La Voix d’Aïda [1].

Depuis 2020, le Prix Cinématographique Européen du Public (Prix LUX du public), héritier du Prix LUX, créé en 2007 pour aider à la distribution de films européens de grande qualité artistique qui reflètent la diversité culturelle en Europe, est décerné conjointement par le Parlement européen et l’Académie européenne du cinéma, en partenariat avec la Commission européenne et le réseau Europa Cinemas. Il a également pour objectif de renforcer les liens entre la politique et les citoyens et c’est pour cette raison que les spectateurs européens sont désormais invités à voter pour leurs films préférés.

Un prix qui, par ailleurs, assure à ses lauréats une aide financière permettant que leur film soit également adapté pour les personnes malvoyantes et malentendantes et promu au niveau international.

C’est bien parce que La Voix d’Aïda entre parfaitement dans le « cahier des charges » que les concepteurs du Prix avaient initialement établi, en l’occurrence « aborder des sujets d’intérêt commun, tels que la dignité humaine, l’égalité, la non-discrimination, l’inclusion, la tolérance, la justice et la solidarité », que ce film a reçu cette récompense. Des sujets directement liés à la question des droits de l’Homme présente dans le débat public européen actuel, même si les faits qui sont relatés dans La Voix d’Aïda appartiennent déjà à l’histoire de l’Europe. C’est, en effet, dans la dernière décennie du XXème siècle, en 1995 exactement, en plein conflit dit « de l’ex-Yougoslavie » et dans la tristement célèbre localité de Srebrenica, que se situe l’histoire d’Aïda, une traductrice réquisitionnée alors par les forces onusiennes et dont les proches, qu’elle va tenter de sauver, ont trouvé refuge, avec des milliers d’autres, dans le camp que les forces serbes de Bosnie vont attaquer, commettant un massacre de près de 8.000 hommes et adolescents musulmans.

C’est d’ailleurs au devoir de mémoire relatif à cet événement tragique que la Présidente Metsola a fait référence lors de la cérémonie : « Ce film est un appel fort à la justice pour les femmes et les mères de Srebrenica, témoins du massacre atroce de 8000 proches. Ces atrocités et ce crime contre l’humanité ne doivent pas tomber dans l’oubli ».

Selon les règles fixées depuis les origines du Prix Lux, trois films se trouvaient « en finale » de la compétition. Le deuxième prix a été attribué à Flee​, un film d’animation du réalisateur danois Jonas Poher Rasmussen dans lequel Amin raconte son parcours d’enfant réfugié afghan arrivé seul au Danemark. La troisième place est revenue à une coproduction germano-autrichienne, Great Freedom ​du réalisateur Sebastian Meise dont le sujet est l’existence difficile jusqu’à l’emprisonnement – d’un homosexuel dans l’Allemagne d’après-guerre.

Rappelons que l’an dernier, c’était le film roumain L’Affaire collective, d’Alexander Nanau, qui avait été primé.


[1] Une coproduction Bosnie-Herzégovine – Autriche – Pays-Bas – France – Pologne – Norvège.

Répondre