L’Union européenne s’intéresse peu à la jeunesse ! Vraiment ?

© Communautés européennes, 2016 – EC – Service audiovisuel

L’Union européenne est souvent accusée d’en faire peu pour la jeunesse définie comme le groupe des adolescents et des jeunes adultes, soit les 15/ 25 ans avec des variantes : ainsi pour Erasmus+, les 13/30 ans.

La jeunesse est un domaine d’action national et reste du ressort des Etats membres. L’Union ne possède qu’une compétence d’appui. Le Conseil peut adopter des recommandations sur la base de propositions de la Commission mais toute harmonisation législative entre les Etats est exclue.

Cette compétence européenne qui peut sembler minimale s’est construite en plusieurs  étapes.

  • En 1988, un premier programme destiné aux jeunes, « Jeunesse pour l’Europe », vise à favoriser les échanges et la mobilité des jeunes et, en 1996, un programme dans le cadre du service volontaire européen (SVE), permet à des jeunes, issus principalement de milieux défavorisés, de participer à des activités d’ordre social, environnemental ou culturel.
  • En 2000, les 2 programmes sont fusionnés dans un programme Jeunesse avec 4 axes prioritaires: la participation, l’information, les activités de volontariat ainsi qu’une meilleure compréhension et connaissance de la jeunesse.
  • En 2005 est adopté le Pacte européen pour la jeunesse dont l’objectif principal est d’améliorer l’instruction, la formation, la mobilité, l’insertion professionnelle et l’inclusion sociale des jeunes Européens, tout en permettant de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle.
  • En 2009, le traité de Lisbonne donne à l’action de l’Union sa base juridique : l’article 165 du TFUE (Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne), vise à favoriser le développement des échanges de jeunes et d’animateurs pour la jeunesse et à encourager la participation des jeunes à la vie démocratique en Europe ; l’article 166, lui, permet à l’Union de mettre en œuvre une politique de formation professionnelle en appui des actions des États membres. De façon complémentaire, le traité prévoit la création d’un Corps volontaire européen d’aide humanitaire.

Lancée en 2010, la Stratégie Europe 2020 intégrait la jeunesse au travers de deux grands objectifs : élargir et améliorer les possibilités offertes aux jeunes et promouvoir la citoyenneté active, l’intégration sociale et la solidarité.

La Stratégie de l’UE en faveur de la jeunesse pour la période 2019-2027 adoptée par le Conseil en novembre 2018, repose sur un triptyque : mobiliser, connecter et autonomiser les jeunes. Fruit d’un dialogue auquel ont participé des jeunes de toute l’Europe en 2017 et 2018, 11 objectifs pour la jeunesse européenne ont été définis : connexion de l’UE avec la jeunesse ; égalité de tous les genres ; sociétés inclusives ; information et dialogue constructif ; santé mentale et bien être ; soutien des jeunesses rurales ; qualité de l’emploi pour tous ; apprentissage de qualité ; espaces et participation pour tous ; Europe verte et durable ; organisations de jeunesse et programmes européens.

A ce jour, les réalisations de l’Union en faveur de la jeunesse sont nombreuses et variées.

  • Il y a bien sûr le programme Erasmus + dont on connaît les volets éducation et formation mais beaucoup moins le volet jeunesse pour 10 % du financement total. On y trouve des partenariats stratégiques jeunesse qui permettent de partager des pratiques et des coopérations entre professionnels. S’y ajoute un programme d’échanges transfrontaliers Erasmus pour jeunes entrepreneurs. Enfin des rencontres, des séminaires rassemblent à intervalle régulier, des jeunes et des décideurs UE dans le cadre du Dialogue structuré afin de définir les politiques de la jeunesse et ainsi de participer à la construction de l’Europe.
  • Il y a aussi les programmes de mobilité volontaire pour les jeunes.

En 2016, a été créé le Corps européen de solidarité. Il permet aux jeunes Européens de moins de 30 ans d’œuvrer dans l’Union européenne auprès d’une autorité locale, d’une organisation non-gouvernementale (ONG) ou d’une entreprise privée afin d’aider à la reconstruction de communautés touchées par des catastrophes naturelles, de répondre à des défis sociaux tels que l’exclusion sociale, la pauvreté, les questions de santé et de démographie ou de travailler pour l’accueil et l’intégration des réfugiés. En 2020, on compte 160 000 participants.

Nés d’une initiative lancée en 2015, les Volontaires de l’aide de l’Union européenne sont des bénévoles de plus de 18 ans, citoyens européens ou résidents de longue durée en UE, qui à temps plein, pour un à 18 mois, apportent une aide humanitaire n’importe où dans le monde. Aujourd’hui 206 volontaires travaillent dans 28 pays hors EU au sein de 141 organisations certifiées.

  • Par ailleurs, l’UE lutte contre le chômage des jeunes.

En 2013, suite à la crise financière de 2008, la Commission européenne a adopté une recommandation demandant aux États membres de prendre des mesures afin que chaque jeune de moins de 25 ans « ni en emploi ni en études ni en formation (NEET) » se voit proposer un emploi de qualité, une formation continue, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois suivant la perte de son emploi ou la fin de ses études. C’est la Garantie européenne pour la jeunesse. Sept ans après son lancement, 24 millions de jeunes ont bénéficié d’une aide dans l’Union européenne et plus de 5 millions participent chaque année à des dispositifs de la Garantie pour la jeunesse.

Face aux effets désastreux de la crise sanitaire sur la jeunesse en terme d’emploi et de risque de décrochage scolaire, une nouvelle recommandation, « Un pont vers l’emploi », a été adoptée en octobre 2020 qui étend la tranche d’âge aux 15-29 ans et préconise une approche plus personnalisée.

« Promouvoir le sentiment d’appartenance des jeunes au projet européen et construire des ponts entre l’Union européenne et les jeunes afin de leur redonner confiance en l’Union européenne », tel est l’objectif n°1 de l’Union aujourd’hui.                            

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