Séisme en Turquie et en Syrie : l’aide de l’Union européenne

© EC – Audiovisual Service, European Union, 2023

Le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie ont été touchés, le 6 février 2023, par un violent séisme, parmi les plus meurtriers du XXIe siècle. Le 20 février, deux nouveaux tremblements de terre alourdissent le bilan humain : plus de 50 000 morts et plus de 100 000 blessés.

Comment l’Union européenne (UE) s’est-elle mobilisée pour apporter une aide d’urgence à ces deux pays ?

Le Mécanisme de protection civile de l’UE (MEPC), créé en 2001, peut être activé par un Etat, une organisation internationale ou une ONG (Organisation non gouvernementale) qui en fait la demande quand une situation d’urgence dépasse ses capacités de réponse humanitaire. Les vingt-sept Etats membres de l’UE participent au mécanisme, ainsi que huit Etats partenaires : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Islande, Monténégro, Macédoine du Nord, Norvège, Serbie et Turquie. L’activation a été demandée par les gouvernements turc et syrien.

Le Centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC) organise le soutien au pays concerné : il centralise et coordonne les différentes aides et en assure le déploiement rapide.

Le MEPC dispose de moyens financiers fournis par les contributions des pays participants, auxquelles s’ajoute une enveloppe financière (574 000 € pour la période 2014 – 2020) issue du budget pluriannuel de l’UE.

Le Centre commun de recherche (JRC), service scientifique interne de la Commission, évalue les besoins et fournit des données concernant les conséquences du séisme sur les bâtiments et les équipements, permettant d’évaluer les besoins de la reconstruction.

La Réserve européenne de protection civile, créée en 2013, propose des équipes de secours, du personnel médical et du matériel.

Le 20 mars 2023, une conférence des donateurs internationaux a été organisée à Bruxelles par la Présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen et par le Premier ministre  suédois, Ulf Kristensson (la Suède préside le Conseil de l’UE au premier semestre 2023). Soixante délégations, représentant les Etats membres de l’UE et des institutions financières internationales (BEI : Banque européenne d’investissement ; BERD : Banque européenne pour la reconstruction et le développement) se sont engagées à verser 7 milliards d’euros (7 Mds €) pour aider à la reconstruction des régions touchées par le séisme au début du mois de février 2023, la participation de l’UE se montant à 3,6 Mds €. La Turquie recevra 6,05 Mds € de subventions et de prêts. La Syrie bénéficiera de 911 millions d’euros (911 M €) de subventions ; mais ce pays, ni son principal allié, la Russie, n’étaient associés à la conférence.

Une aide d’urgence a été déployée en Turquie : 1750 secouristes, 111 chiens de recherche, 6 équipes médicales, 5 hôpitaux de campagne et un avion d’évacuation médicale. 38 équipes ont été constituées dans le cadre du MEPC. La Commission achemine également en Turquie des abris d’urgence en provenance de 12 Etats membres, des unités d’hébergement issues de la réserve RescEU (réserve des capacités du MEPC), ainsi que des milliers de lits de camp stockés en Roumanie. Le 20 mars, la Commission annonce l’attribution d’une aide de 1 Md € à la Turquie qui accueille 3,5 millions de réfugiés syriens, dont près de la moitié sont dans des zones touchées par le séisme.

En Syrie, le mécanisme d’aide a été activé deux jours après le séisme, à la demande du gouvernement syrien. L’UE a débloqué 3,5 M € d’aide humanitaire. Des fournitures d’urgence de l’UE, stockées en Italie et à Dubaï, ont été acheminées sur place. Il s’agit de tentes adaptées aux conditions hivernales, de chauffage, de couvertures, d’eau, de kits sanitaires et d’hygiène ainsi que des ustensiles de cuisine. L’aide est distribuée  à la fois dans les zones contrôlées par le gouvernement, en coopération avec la Fédération internationale des sociétés de la Croix rouge et du Croissant rouge (IFRC), et dans les zones non contrôlées par le gouvernement dans le nord-ouest de la Syrie, en coopération avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Jusqu’ici, face à un risque de développement du choléra par manque d’eau et de médicaments, l’action de l’UE en Syrie passait par son agence humanitaire Echo et les ONG qu’elle soutient. Le feu vert syrien était nécessaire à l’UE pour agir directement et s‘assurer que l’aide ne serait pas détournée. Damas a autorisé l’ONU à ouvrir des passages frontaliers pour acheminer l’aide.

En 2011, le gouvernement syrien et les entreprises qui lui sont liées ont fait l’objet de sanctions de l’UE en raison de la répression organisée par le régime de Damas. Fin mars 2023, l’UE annonce l’assouplissement temporaire (d’une durée de six mois) de ces sanctions, afin de faciliter l’acheminement de l’aide dans ce pays, alors que Damas réclame la suppression intégrale de l’embargo. Les restrictions prévues par l’UE ne touchent pas l’humanitaire ; mais elles ont un effet de « surconformité » de la part des banques et des sociétés, inquiètes des mesures punitives, ce qui rend les transactions plus difficiles avec la Syrie. Cependant, dans le Nord-Ouest rebelle, le plus touché par le séisme, les entraves sont logistiques, financières, sécuritaires.

Ainsi l’UE s’engage en faveur des principes fondamentaux de l’aide humanitaire (neutralité, indépendance et impartialité, respect du droit international humanitaire) dans le cadre du consensus européen sur l’aide humanitaire signé en 2007 par le Conseil, le Parlement et la Commission.

Sources :

Répondre