Une Berlinale 2021 hors normes !

© Berlinale 2021

Rappelons tout d’abord que la Berlinale (Internationale Filmfestspiele Berlin, littéralement : Festival international du film de Berlin) créée en 1951, dans la ville symbole de la guerre-froide, le Berlin d’après-guerre, par des alliés occidentaux qui voulaient alors en faire « une vitrine du monde libre » est, avec le Festival de Cannes et la Mostra de Venise, une des trois principales vitrines, toutes européennes, du cinéma mondial.
Peut-être moins médiatique que ses concurrents cannois et vénitien, le festival berlinois a pourtant acquis une vraie notoriété internationale en se démarquant de ces derniers : il est devenu, en effet, au fil des années, un lieu privilégié de revendications politiques et sociales et plusieurs des films qui y ont été présentés par le passé ont donné lieu à des polémiques comme en 1979, le Voyage au bout de l’Enfer de Michael Cimino sur la guerre du Vietnam.

La Berlinale, qui, dit-on, lance l’année du cinéma indépendant, a lieu traditionnellement en début d’année civile ce qui explique qu’en 2020 elle a été la seule des trois grandes manifestations à pouvoir se tenir normalement puisque programmée début mars, quelques semaines avant le début des confinements imposés par l’urgence de la nouvelle situation sanitaire.
En 2021, la pandémie sévit toujours et les mesures prises par les autorités ont logiquement empêché la tenue « en présentiel » de la 71ème édition de la manifestation berlinoise. « En présentiel » seulement, car, comme l’ont fait les organisateurs d’autres festivals de second ordre comme celui d’Annecy, ceux de Berlin ont choisi de s’adapter à la situation en offrant une sorte de « mix » entre la diffusion en ligne des films en compétition (celle-ci a eu lieu entre le 1er et le 5 mars, suivie de la délibération et de la proclamation du palmarès) et la projection dans les salles pour le public repoussée à juin prochain (du 9 au 20). C’est aussi à ce moment-là que, si la situation le permet, se tiendra la cérémonie de remise des prix.

C’est donc un jury de six réalisateurs et réalisatrices ayant remporté la distinction suprême dans le passé [1] qui a été chargé cette année de débattre de la qualité des films présentés et de décerner, comme chaque année, le fameux Ours d’Or ainsi que sept autres récompenses.
Un Ours d’Or qui est revenu cette année au film roumain Bad luck banging or loony porn de Radu Jude : une comédie provocante qui s’attaque aux travers (racisme et complotisme notamment) de la société roumaine. Deux films allemands ont également été distingués, Mr Bachmann and His Class (Herr Bachmann und seine Klasse) de Maria Speth, un documentaire autour de la figure attachante d’un enseignant dans une classe « multiculturelle », Prix du Jury, et I’m Your Man (Ich bin dein Mensch), Prix de la Meilleure interprétation (une distinction qui n’est plus dorénavant ni « masculine » ni « féminine ») pour son actrice Maren Eggert.
Nous pouvons évoquer également l’Ours d’Argent attribué au réalisateur japonais qui s’affirme comme un des plus doués de sa génération, Ryusuke Hamaguchi, pour Guzen to sozo (Wheel of Fortune and Fantasy).
Mais la Berlinale, ce sont aussi des jurys parallèles comme « Encounters », tourné vers le jeune cinéma et les découvertes, dont la française Alice Diop a remporté le prix majeur avec son documentaire Nous, le « Jury international des courts métrages » ou encore le jury « Générations ».

Un palmarès que beaucoup ont qualifié d’audacieux et dont le grand public européen pourra, espérons-le, découvrir, dès l’été prochain, les films récompensés.


[1] Nadav Lapid (Synonymes), Adine Pintilie (Touch me not), Gianfranco Rosi (Fuocoammare), Mohammad Rassoulof (Le diable n’existe pas), Jasmila Žbanić (Sarajevo, mon amour) et Ildikó Enyedi (Corps et âme).

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